Ce week-end, nos voisins angevins inaugurent non pas une, mais deux nouvelles lignes de tramway en complément de celle déjà existante. Une source d’inspiration importante pour Tours où la ligne B se fait toujours attendre. Nous avons assisté aux festivités.
En ce début d’été, l’heure est à la fête dans toute la ville d’Angers. Dans l’hypercentre comme dans les quartiers, le week-end est rythmé par de multiples concerts et autres animations auxquels participent des habitants venus nombreux. Vendredi soir, l’inauguration officielle a par contre été douchée par un violent orage. Cela n’aura pas suffi à mettre fin aux ardeurs des élus locaux, dont le ministre de la Transition écologique et ancien maire d’Angers Christophe Béchu, et de la cinquantaine d’entreprises présentes et impliquées dans ce projet. Il faut dire que ce jour était attendu de longue date.
En effet, la pandémie de COVID-19 étant passée par là, les Angevins célèbrent aussi la fin de près de 5 années de travaux qui ont permis la construction de 10 kilomètres de voies nouvelles. Ils viennent ainsi compléter la première ligne de 12 kilomètres qui avait été inaugurée en juin 2011, soit un peu plus de 2 ans avant celle de Tours.
2 lignes pour 250 millions d’euros
Fait intéressant, ces infrastructures supplémentaires ont permis la création de non pas une, mais de deux nouvelles lignes. Le chef-lieu du Maine-et-Loire peut à présent se targuer de disposer d’un réseau maillé qui dessert ses principaux points d’intérêts le long des 4 axes cardinaux.
Le tout pour un budget d’un peu plus de 250 millions d’euros aidé à hauteur de 25 millions par l’Etat, 10 millions par la Région et 1 million par l’Union européenne. Une somme plutôt raisonnable lorsque nous la comparons aux 503 millions d’euros actuellement annoncés pour la 2e ligne tourangelle. L’inflation et les 2,5 kilomètres supplémentaires à réaliser à Tours justifient difficilement un budget allant du simple au double.
Ce coup de maître angevin s’explique par la capacité des décideurs à capitaliser sur les installations préexistantes. Etant donné que la première ligne présentait d’importantes contraintes d’exploitation en centre-ville en raison d’un tronçon à voie unique dans l’étroite rue de la Roë, un itinéraire de contournement a été réalisé à quelques centaines de mètres de là sur une artère beaucoup plus large, le boulevard Carnot. La ligne A – ainsi que la nouvelle ligne B – l’emprunte désormais avec davantage de fluidité.
3 lignes pour le prix de 2
La traversée de l’hypercentre par la place du Ralliement et la rue de la Roë est désormais réservée à la ligne C. La création de cet itinéraire n’a pas nécessité de travaux supplémentaires puisqu’il circule exclusivement sur les voies des deux autres lignes, entre les terminus de la Roseraie et du campus de Belle-Beille. De nombreuses correspondances inutiles sont alors évitées.
Ce choix est une importante source d’inspiration pour Tours. La construction de notre nouvelle ligne B à l’horizon 2028 entre La Riche et Chambray-lès-Tours doit impérativement s’accompagner de la mise en place d’une ligne C exploitant les voies existantes entre La Riche et Tours Nord. Il ne serait pas concevable qu’une rupture de charge soit systématique à la hauteur de la place de la Liberté. Alors que nous militons depuis plusieurs années en ce sens, il semblerait que cette piste soit désormais sérieusement étudiée par le syndicat des mobilités de Touraine.
La réorganisation de tout un réseau
L’ouverture d’une ou de plusieurs nouvelles lignes de tramway signifie invariablement une réorganisation de l’ensemble du réseau de transport en commun. A Angers, il est passé en 2019 des mains de Keolis à celles du groupe RATP Dev. Plusieurs lignes de bus ont ainsi vu leurs itinéraires et leurs horaires évolués. La nouvelle mouture est entrée en vigueur ce samedi à 5h38 lors de la prise de service.
De quoi perturber les habitudes des habitants, mais aussi des conducteurs. Ce week-end, tous semblaient être un peu perdus. Une situation aggravée par d’importants dysfonctionnements du système d’information voyageurs qui gère notamment l’affichage des autobus et des tramways. Ajoutons à cela que, parmi les 20 nouvelles rames acquises auprès d’Alstom pour 55 millions d’euros, certaines ont été livrées récemment et sont encore en phase de rodage.
La mise en oeuvre début juillet du nouveau réseau s’avère être plutôt pragmatique. La période estivale permettra d’effectuer les derniers ajustements afin d’être pleinement opérationnel pour la rentrée prochaine. Pour l’heure, les Angevins peuvent profiter de sa gratuité jusqu’au 14 juillet.
Je connais bien Angers et la configuration de la ville a permis cette réalisation avec beaucoup moins de contraintes qu’à Tours ou pour aller de La Riche à Chambray le passage dans une urbanisation dense et aux rues étroites , du moins dans Tours rend sa réalisation extrêmement complexe. Par contre la différence de coûts entre les deux villes est énorme et montre bien que les hésitations et remise à plat du projet par les politiques pèsent énormément sur la ligne B.