En ce 31 août 2023, la première ligne du tramway de Tours souffle sa dixième bougie. L’occasion de revenir sur les 146 ans d’histoire mouvementée qui lient notre ville à ce mode de transport et de regarder vers l’avenir. Une prise de hauteur nationale et européenne s’impose.
Il y a 10 ans jour pour jour, les Tourangeaux se pressaient place Jean-Jaurès pour découvrir « leur » tram. Il faut dire que l’événement était attendu. Tours et Joué-lès-Tours avaient vécu au rythme des travaux au cours des 3 dernières années. A l’époque, vous étiez nombreux à suivre leur évolution quotidienne sur ce site.
Le résultat fut à la hauteur du chantier. Le long des 15 kilomètres de la nouvelle ligne, les 2 villes de la métropole en devenir s’étaient métamorphosées. A tel point qu’il est aujourd’hui parfois difficile de se remémorer leur aspect passé. Ce projet – pourtant bien souvent contesté – répondait également à un besoin criant de mobilité. Les anciennes lignes de bus 1A et 1B étaient proches de la saturation. Une solution de déplacement fiable, rapide et propre était donc nécessaire sur cet axe.
Nous pouvons dire que le retour du tramway à Tours a rempli tous ces critères. Ce choix s’est avéré gagnant tant il permet de répondre aux enjeux climatiques, grâce à sa grande capacité, sa traction électrique et son caractère structurant. Le public ne s’y est pas trompé et les objectifs de fréquentations fixés initialement à 55 000 voyageurs par jour en 2018 ont été atteints dès 2014. Depuis, ce chiffre a plusieurs fois dépassé la barre des 70 000 voyageurs.
Tours et le tram : 146 ans d’histoire
Il semble loin le temps où ce mode de transport était affectueusement baptisé le « péril jaune » en raison de la couleur crème des motrices d’autrefois. En effet, il faut se rappeler que Tours et le tramway, c’est une histoire qui dure depuis 146 ans et non depuis 10 ans, comme nous pouvons trop souvent l’entendre en ce moment. Le premier axe à traction hippomobile reliant l’actuel carrefour de Verdun au quai Paul Bert fut inauguré en juillet 1877.
A son apogée dans les années 1920, le réseau culminait à 51 kilomètres linéaires et desservait des communes périurbaines telles que Luynes, Vouvray ou bien encore Azay-sur-Cher. Vous pouvez en apprendre plus à ce sujet sur notre page dédiée. Dans l’immédiat après-guerre, la décision fut prise de la démanteler entièrement au profit de l’autobus et de l’automobile individuelle. Nous payons aujourd’hui encore le prix de cette erreur commise par bon nombre d’autres villes ouest-européennes et nord-américaines.
Notre très chère ligne B
Cette situation est d’autant plus regrettable que ces dernières années nous ont prouvé à quel point le redéploiement d’un réseau pouvait être un parcours semé d’embuches. Les tergiversations autour du tracé de la ligne B et les importants retards pris dans ce dossier en sont sans doute l’illustration la plus affligeante.
Initialement prévu pour la fin de la décennie précédente, ce nouvel itinéraire reliant La Riche à Chambray-lès-Tours est à présent annoncé pour 2028. Un calendrier plutôt optimiste qui table sur un début des travaux en 2025, à quelques mois des élections municipales. Pendant ce temps-là, les coûts s’envolent et atteignent des montants inédits à l’échelle de notre pays. Entre 2018 et 2023, son budget est passé de 430 à 500 millions d’euros.
Ailleurs en France, le tramway poursuit son retour
Fort heureusement, ce qui est sur le point de devenir un cas d’école n’est pas le reflet de la dynamique nationale. Depuis les prémices de son retour dans les années 1980 à Nantes puis à Grenoble, le tramway a su (re)conquérir 31 villes, et ce, après avoir quasiment disparu de l’hexagone. Comme à Tours, des projets d’extension sont en cours dans presque toutes les communes déjà équipées.
Angers a par exemple inauguré 2 lignes supplémentaires en juillet dernier. Nous vous avions fait vivre cet événement. Au cours de ces dernières années, le tramway a également réapparu de manière aussi spectaculaire que discrète en Île-de-France. Pas moins de 13 lignes différentes circulent à nouveau, dont certaines ont la particularité d’être des trams-trains.
(Re)faire du train un allié du tramway
Avec son étoile ferroviaire à 10 branches enviée à l’échelle européenne, la Touraine aurait toutes les raisons de s’en inspirer. Si sa valorisation a été le sujet phare de ce début d’année avec notamment la signature d’une déclaration d’intention d’envergure départementale, force est de constater qu’elle brille depuis par son absence. Véritable serpent de mer de la politique locale, sa concrétisation ne pourra passer que par une gouvernance forte qui doit être co-portée par la région Centre-Val de Loire et les EPCI concernés dont relève la compétence « mobilités ». Des annonces importantes sont attendues dans ce dossier d’ici la fin de l’année.
L’enjeu est grand. Il est question de refaire du mode ferré un outil d’aménagement du territoire en misant sur une interpénétration marquée entre le train et le tramway. Bien que nous savons qu’il n’y aura pas un « grand soir » et qu’il devrait plutôt s’agir d’améliorations progressives, mais continues, de l’offre, ce projet a tout de même pour mérite d’offrir un cadre de réflexion unique. Il doit porter sur la maturité à terme de nos réseaux de transport et de l’indispensable intermodalité qui lui est intrinsèquement liée.
Une dynamique européenne
En ce sens, les exemples à suivre ne manquent pas. Le voyage à travers l’Europe que nous vous avions offert l’été dernier a prouvé à quel point les possibilités étaient nombreuses pour proposer à une population des solutions de déplacement performantes et abordables. Nous avons entre autres vu que les voies ferrées irriguent de larges territoires, y compris les plus ruraux, et que le tramway et le train se confondent bien souvent dans un même continuum ferroviaire.
Les 281 réseaux de tramway recensés sur notre continent se caractérisent par une approche le plus souvent maillée et permettant d’optimiser l’exploitation des voies en y faisant circuler dessus simultanément plusieurs lignes. Parallèlement à cela, ils ne cessent de poursuivre leur développement pour des montants qui feraient pâlir nos élus et nos ingénieurs.
Gageons que nous saurons nous en inspirer pour les 10 prochaines années.
Bonjour
Le tram a plusieurs défauts, notamment de couter très cher, en infrastructure notamment et de présenter un danger notoire pour les cyclistes dont une roue a glissé dans le rail.
Il y a des alternatives.
Je pense notamment au « bus à haut niveau de service » qui fonctionne depuis septembre 2019 à Aix-en-Provence.
Il s’agit de bus électrique de marque « Irizar » de 12 mètres de long.
Ce choix a permis de doter la ville d’un système de transport en commun très silencieux et qui ne nécessite qu’un renforcement de la chaussée (sans creusement de tranchées au détriment des plantations existantes).
Cordialement
Daniel