La seconde ligne de tramway était à l’honneur lors du conseil municipal tourangeau de ce lundi. En présence du Président de la Métropole, les élus ont débattu durant près de 2 heures. Des échanges constructifs, mais parfois acérés ont suivi la présentation du projet.
La presse avait été informée quelques jours auparavant. En préambule du conseil municipal de Tours du lundi 9 novembre, une discussion générale allait être organisée autour de la future ligne B de tram. Pas de public en raison du contexte sanitaire, mais une diffusion en direct sur le site de la Ville de Tours était proposée.
Exceptionnellement, Wilfried Schwartz – Président de Tours Métropole Val de Loire – a été invité à rejoindre cette assemblée pour présenter le projet dans sa partie tourangelle. Un travail effectué en binôme avec Christophe Boulanger, conseiller municipal et vice-président métropolitain délégué aux mobilités. Il fait suite à la commission générale organisée le 17 octobre dernier.
Une ligne végétale dont le tracé ne sera pas réétudié
D’emblée, le nouveau Président de la Métropole, a répondu aux demandes formulées par les communes « oubliées » par cette deuxième ligne, Saint-Pierre-des-Corps en tête. Il rappelle que tous les corridors possibles – soit 22 scénarii – ont été étudiés dès 2018. L’axe La Riche-Chambray-lès-Tours s’est avéré être le plus intéressant avec 42 000 voyageurs attendus quotidiennement. C’était moitié moins pour l’est de la Métropole. Aucune étude supplémentaire ne devrait donc être réalisée. Si tel était le cas, le maire de Tours – Emmanuel Denis – a précisé qu’il faudrait décaler de 2 ans le calendrier prévisionnel.
Wilfried Schwartz parle d’un important travail végétal qui marquerait une rupture avec la ligne A qu’il juge « trop minérale ». Une large partie du tracé sera donc dotée d’une plateforme enherbée, notamment sur le tronçon sud. Des exemples d’ambiances paysagères non contractuelles ont été projetés aux élus. Les stations et les parkings-relais feront l’objet d’un traitement tout particulier.
Autre point souligné par Christophe Boulanger, les aménagements cyclables. S’il est encore trop tôt pour connaître en détail leur configuration exacte, nous savons déjà que 30 kilomètres de nouvelles infrastructures sont prévus. Ils s’intégreront dans le schéma « vélo » métropolitain.
Une desserte du centre-ville qui se précise
Alors que l’itinéraire du futur tram s’affine de plus en plus, le vice-président métropolitain a reconnu l’existence de 2 « zones blanches », l’une à hauteur du CHU de Trousseau à Chambray-lès-Tours et la seconde sur le site des casernes Beaumont-Chauveau. Des insertions qui restent à définir en fonction de l’avancée des études pour ces secteurs promis à d’importantes transformations dans les années à venir. A ce sujet, l’ancien maire, Christophe Bouchet, s’est inquiété du devenir du parc de 1,8 hectare qui doit voir le jour sur l’ancien site militaire.
Une chose est maintenant sûre : le tramway n’empruntera pas le rue du Plat d’Etain. Une décision qui risquait de « paralyser tout un quartier ». Un accord a été trouvé avec l’Université de Tours – propriétaire des terrains – pour effectuer une giration particulièrement serrée entre les casernes et la place Rabelais.
Interrogé par un membre de l’opposition, Christophe Boulanger confirme le réaménagement en profondeur de cette place. A partir de 2025, le marché se tiendra sur sa partie est et non plus à l’ouest comme c’est le cas aujourd’hui. A quelques centaines de mètres de là, le carrefour de Saint-Eloi changera lui aussi de visage avec la création annoncée d’une « forêt urbaine ».
Elle s’intégrera ainsi dans la continuité du boulevard Béranger dont le mail central arboré sera préservé. Une nouvelle mettant fin à de nombreuses craintes. Comme nous l’annoncions déjà début octobre, le tramway circulera sur la partie nord de cet axe et l’ensemble de la circulation routière sera reportée au sud.
La métamorphose de Jean Jaurès : un chantier majeur
Le futur visage de la place Jean Jaurès promet d’être au coeur de toutes les attentions. Après une étude commandée par la Ville de Tours et estimée à 70 000 euros, il semble désormais acté que le tramway rejoindra la ligne A à hauteur des 2 fontaines actuelles. Les arbres du boulevard Heurteloup – dont la moitié d’entre eux aurait dû être abattue – seront sauvés et la facture globale du projet sera allégée puisque 400 mètres de voies supplémentaires n’auront pas à être construites.
A contrario, la place iconique de Tours devra être remaniée en profondeur. 3 objectifs sont affichés pour cette version du 21e siècle : « s’ouvrir à la nature, valoriser et habiter la place ». Emmanuel Denis déplore qu’aujourd’hui seulement 30% de l’espace soit dévolu aux piétons. Une situation peu propice à la flânerie et qui fait « qu’on la traverse sans s’y arrêter » selon lui. Même si des visuels d’ambiance ont été diffusés, la majorité a réaffirmé sa volonté de « co-construire » avec les habitants cette métamorphose annoncée. Les 2 groupes d’opposition « Les Progressistes » et « Tours Nous Rassemble » ont quant à eux dénoncé des images de synthèse qu’ils jugent trompeuses.
Un tronçon sud qui fait l’unanimité
La suite du parcours est beaucoup moins sujette à la polémique. Après le tronc commun avec la ligne A entre Jean Jaurès et Verdun, ce deuxième axe de tramway partagera sa plateforme avec les autobus sur la partie sud de l’avenue de Grammont jusqu’au P+R du Lac où il tournera en direction des Fontaines.
Ce quartier – dont le désenclavement est une priorité – est lui aussi promis à d’importantes transformations. « Aussi importantes que dans le centre-ville de Tours » promet-on. Un parallèle d’ailleurs été fait entre l’avenue Stendhal et le boulevard Béranger. La promenade centrale sera également préservée et le tramway empruntera la partie sud de la voirie. Dans ce secteur « embelli et végétalisé », le site de l’ESCEM sera entièrement requalifié. A tel point que de nouvelles trames urbaines vont être créées.
En haut de l’Alouette, 2 stations majeures verront le jour sur l’avenue du Grand Sud. L’une desservira la Bergeonnerie et les différents établissements scolaires du parc Grandmont tandis que la seconde sera d’une grande utilité pour les installations universitaires. Le tramway poursuivra ensuite sa route jusqu’au terminus de la Papoterie.
Un voeu adopté par le conseil municipal
De longues discussions entre les différents chefs de file des groupes élus au sein du conseil municipal ont prolongé cette présentation. Christophe Bouchet – maire de Tours jusqu’en 2020 – constate la persistance de débats techniques pour la partie ouest du tracé et demande un référendum métropolitain sur le devenir de la place Jean Jaurès. Il est rejoint par son collègue, Olivier Lebreton, qui déplore un manque de démocratie.
Emmanuel Denis a déclaré que le précédent mandat avait « mis à l’arrêt la ville pendant 6 ans » et que le passage du tramway dans le centre-ville de Tours en préservant le mail Béranger faisait partie de l’un de ses engagements de campagne.
Le second groupe d’opposition s’est montré plus prudent sur ces questions. Benoist Pierre défend l’idée d’un tronc commun jusqu’à Jean Jaurès, mais aimerait qu’un passage par le boulevard Preuilly et la rue du Plat d’Etain soit étudié. En s’adressant à Christophe Boulanger, il souligne le « ton des commissions » de travail qui se sont toutes très bien passées malgré des points de vue divergents.
Sans surprise, le voeu proposé par Emmanuel Denis a été voté par sa majorité. « Les Progressistes » portés par Benoist Pierre se sont abstenus pour « ne pas bloquer le processus ». Le groupe « Tours Nous Rassemble » de Christophe Bouchet s’est prononcé contre en raison du tracé ouest.
La population consultée de nouveau en 2022
Un voeu plus symbolique que décisif pour la suite du projet. Wilfried Schwartz a rappelé le cap d’une inauguration pour la fin 2025. D’ici là, de nombreuses réunions publiques sont attendues. Elles devraient commencer dès la consultation pour l’enquête d’utilité publique de 2022.
Si nous pouvons nous étonner de l’absence de débats sur le coût global de cette nouvelle ligne ainsi que de la nouvelle ligne de bus à haut niveau de service et du prolongement de l’aéroport, nous avons appris que des rencontres sont actuellement en cours avec différents représentants de l’Etat. De la Préfète au Président de région, tous apprécient la cohérence du projet. Une présentation aux membres du gouvernement semble également se préparer. En parallèle, l’appel d’offres pour le choix du maître d’oeuvre sera prêt d’ici 15 jours.
Vous pouvez découvrir en détail le tracé de la future ligne B grâce à cette carte interactive.
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