Ligne B : le casse-tête du centre-ville de Tours

A l’automne 2018, les élus tourangeaux votaient en faveur d’un passage de la deuxième ligne de tramway par le boulevard Béranger. 2 ans plus tard, peu de choses semblent avoir évolué, mais l’annonce du tracé définitif serait imminente. La raison de ce retard ? La desserte de l’hyper-centre de Tours donne du fil à retordre aux équipes techniques. Entre le réaménagement de la place Jean Jaurès ou la coupe d’arbres sur le boulevard Heurteloup, l’arbitrage s’annonce compliqué.

Le tracé de principe d’une ligne B reliant Chambray-lès-Tours à La Riche a été figé en 2017 par le Conseil métropolitain. Nul ne se doutait qu’il faudrait attendre encore 3 ans pour en connaître les contours exacts. Les contraintes d’insertion sont limitées pour la branche sud Verdun-Papoterie et seule la desserte du quartier des Fontaines doit d’être affinée. La situation est tout autre pour son pendant ouest « Jean Jaurès-Bords de Loire ».

Si les nombreuses expropriations prévues le long des 500 mètres de la rue de la Mairie à la Riche – qui plombent le budget total estimé à 500 millions d’euros – ont beaucoup fait parler d’elles ces derniers temps, c’est à présent vers le centre-ville de Tours que tous les regards se tournent.

La rue de Mairie devrait être métamorphosée avec l’arrivée du tram

En arrivant par le sud, ce nouvel axe structurant partagera ses voies avec la ligne A à partir du carrefour de Verdun et dans sa traversée du quartier du Sanitas. Sa déconnexion au réseau actuel dans l’hyper-centre de Tours est le noeud du problème. « Le tracé dans la ville de Tours n’était pas aussi mature qu’à La Riche ou Chambray » explique Christophe Boulanger, nouveau vice-président métropolitain en charge des mobilités. Dès lors, 2 solutions ont été envisagées par les ingénieurs du groupement SET-Transamo.

Un nouveau visage pour la place Jean Jaurès ?

La première consiste en un décrochage à hauteur de la place Jean Jaurès. Un aiguillage serait installé entre les 2 fontaines, ce qui permettrait au tramway de tourner en direction du boulevard Béranger. Une artère où son insertion a par ailleurs été revue afin de mieux protéger le mail arboré qui devait être cerné de part et d’autre par les 2 voies ferrées. Une annonce qui avait suscité de vives craintes pour le patrimoine arboré. Le nouveau plan prévoit de construire l’intégralité de la plateforme tramway au nord de la promenade, tandis que la circulation automobile serait reportée au sud. A cette occasion, la voirie sera mise en double sens et des stationnements seront conservés.

L’embranchement de la place Jean Jaurès transformerait la configuration des lieux

Bien que séduisante sur le papier, la variante Jean Jaurès entraînerait inexorablement un réaménagement en profondeur de cette place historique dont le visage n’a guère évolué depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Un pari politique osé. Peut-être un peu trop risqué pour une ville peu encline aux grandes transformations…

La variante de la Gare privilégiée, au détriment des arbres

Les contraintes étant multiples dans ce secteur sauvegardé, il faut se rendre à la gare de Tours pour découvrir l’unique alternative possible. Déjà proposée à la concertation publique en 2018, cette solution inclut la pose d’un aiguillage dans la courbe de la rue Charles Gille. Le tramway pourrait ainsi s’insérer sans grande difficulté sur l’actuelle esplanade piétonne située devant Le Grand Hôtel et l’ancien Simply Market.

La ligne B devrait emprunter l’actuelle esplanade piétonne de la place du Général Leclerc

Les choses se corsent dans la giration en direction de l’hôtel de ville. Comme expliqué précédemment pour le boulevard Béranger – dont l’intégration reste inchangée avec cette configuration – les voies du tram rejoindront directement la partie nord du boulevard Heurteloup. Seul problème, des arbres centenaires se trouvent sur leur chemin. Ils devront être coupés.

400 mètres de voies nouvelles devront être construites

Une décision délicate pour la nouvelle municipalité écologiste, mais qui est assumée par l’adjointe aux mobilités, Armelle Gallot-Lavallée. « On regrette de devoir abattre des platanes en bonne santé, mais si ça permet d’avoir des transports plus propres et de limiter la pollution… Nous prévoyons d’ailleurs de planter 30 000 arbres dans la ville pendant le mandat » relate-t-elle dans les colonnes de 37°. Dans ces conditions, une nouvelle station « Jean Jaurès » perpendiculaire devra être construite. Ses 2 quais pourraient être séparés. L’un se situant devant le palais de justice, l’autre devant l’hôtel de ville.

Ce tronçon du boulevard Heurteloup accueille traditionnellement le marché de Noël

Un échéancier aussi serré que son financement

Vous l’aurez compris, la ligne B n’a pas fini de faire couler de l’encre. Wilfried Schwartz, président de Tours Métropole Val de Loire, confirmait encore récemment sa volonté de l’inaugurer avant la fin 2025. Le retard accumulé fait que l’échéancier est désormais particulièrement serré. Pour être respecté, les travaux devront commencer d’ici 2 ans. Entre temps, la déclaration d’utilité publique devra être obtenue.

Ajoutons à cela un contexte économique difficile. Nous apprenions hier dans La Nouvelle République que le projet n’était pas présent dans le contrat de plan Etat-Région 2021-2027 en l’absence d’un volet « mobilités ». Il constituait pourtant une source de financement non négligeable. De là à penser que la ligne B ne verra peut-être pas le jour sous sa forme définitive en 2025, il n’y a qu’un pas. « Il ne faut pas s’interdire de réfléchir à un phasage de la réalisation » reconnaissait cette semaine Christophe Boulanger. Nous devrions en savoir davantage très prochainement.

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