COVID-19 : pertes records pour Fil Bleu

Presque 6 mois après le début du confinement, le Syndicat des Mobilités de Touraine (SMT) vient de publier les derniers chiffres relatifs aux performances du réseau Fil Bleu pour le 2e trimestre 2020. Sans surprise, la crise sanitaire a marqué un coup d’arrêt net.

Depuis l’inauguration du tram, le réseau géré par Kéolis ne cessait d’enchaîner les bons chiffres avec une hausse constante de la fréquentation d’année en année, passant ainsi de 24,3 millions de voyages en 2013 à 39,8 millions en 2019. Comme dans toutes les villes du monde, la pandémie de COVID-19 a sérieusement écorné cette dynamique.

7,31 millions de voyages en moins

A tel point que nous nous intéressons aujourd’hui à un tout autre type de records, ceux liés aux pertes. Le nombre de voyages effectués est particulièrement révélateur. Entre le 1er avril et le 30 juin 2020, 2,5 millions de trajets ont été comptabilisés, contre 9,81 millions l’année dernière. Malgré tout, le tramway arrive toujours en tête des usages avec 1,3 million de voyages (4,2 millions en 2019), suivi de la ligne 2 Tempo et ses 300 000 voyages, 1 million de moins qu’en 2019.

Ces données s’expliquent notamment par la reprise lente des activités socio-économiques, encore loin d’être achevée, et la période de confinement durant laquelle le service avait été drastiquement réduit. En 3 mois, les véhicules Fil Bleu ont parcouru 1,1 million de kilomètres en moins par rapport au 2e trimestre 2019. L’absence de trafic routier a permis une progression de la vitesse commerciale des autobus, +6,6% en 1 an, s’approchant ainsi des 20 km/h.

Les recettes s’effondrent

490 340 titres ont été vendus, soit moins d’un tiers de ceux distribués un an plus tôt (1,51 million). Sans surprise, les recettes sont en chute libre. Elles s’élèvent à 2 115 929€. Une baisse de 62% par rapport à 2019. L’aggravation du taux de fraude estimé à bord des bus (+1,55%) n’est pas compensée par la légère diminution constatée sur la ligne A (-0,49%).

La crise sanitaire a également eu un impact très marqué sur la fréquentation des parkings relais, autre source de revenus pour Kéolis. Les stationnements habituellement les plus plébiscités, Tranchée et Vaucanson, sont ceux qui ont vu leur performance le plus se dégrader avec respectivement -73% et -91% de visites. En moyenne, seules 108 voitures ont fréquenté quotidiennement chacun des 7 stationnements incitatifs qui proposent 1570 places à Tours et Joué-lès-Tours.

Des résultats contrastés pour les stationnements vélos

Alors que l’usage de la petite reine ne cesse de croître depuis le déconfinement, certains parkings vélos sécurisés parviennent à tirer leur épingle du jeu. Contrairement aux stationnements automobiles, leur taux d’occupation est en hausse pour 3 d’entre eux (Jean Monnet, Marne et Gare de Saint-Pierre-des-Corps).

De bons chiffres qui peinent à masquer le fiasco rencontré par les 2 nouvelles infrastructures du Palais des Sports et de la Piscine du Lac. Leur moyenne d’utilisation est seulement de 2 vélos alors qu’elles possèdent chacune une capacité de 52 places ! Il aurait été plus judicieux de retenir des secteurs plus pertinents, à l’image de la place des Halles ou de la Cathédrale. Des quartiers où l’absence de stationnements sécurisés fait cruellement défaut et freine considérablement l’usage du vélo.

Fil Blanc garde le cap

Malgré cette période difficile, 4278 voyages ont pu être réalisés grâce à Fil Blanc qui propose des trajets en minibus pour les personnes à mobilité réduite.

L’accessibilité du réseau Fil Bleu est en progression.82% des arrêts sont désormais aux normes, 7% d’entre eux restent à moderniser tandis que 11% ne pourront pas l’être à cause de contraintes techniques.

1 habitant sur 10 ne se déplace pas quotidiennement

La publication de ces données fait également état des résultats de l’enquête Mobilité Certifiée EMC² du CEREMA qui a été menée sur notre territoire l’an passé. Nous y apprenons que 10% des habitants ne se déplacent pas quotidiennement, un chiffre en hausse par rapport à 2008 (8,5%) et qui concerne particulièrement les femmes (11%), les plus de 75 ans (29%) et les personnes sans activité professionnelle (24%). Cela masque des situations diverses alors que le taux de mobilité continue de progresser. En réalité, les citoyens les plus actifs se meuvent de plus en plus. 32% d’entre nous réalisent 3 à 4 déplacements quotidiens et 20% de 5 à 6 trajets.

Les prochaines études nous permettront sans doute de comprendre le réel impact qu’aura eu la crise du coronavirus. A ce titre, les publications trimestrielles à venir seront à suivre de près. Gageons que la reprise du trafic dans le respect des règles sanitaires et les nouveaux services proposés depuis la rentrée par Fil Bleu permettront à l’entreprise de renouer progressivement avec ses bons résultats.