Les réunions publiques pour présenter la 2e ligne de tram aux habitants se poursuivent. La Riche accueillait ce mercredi l’équipe du projet dans une salle comble. Les expropriations, les difficultés pour rejoindre le centre-ville de Tours et le plan de circulation ont été au coeur des débats. Retour sur cette soirée.
Après une première rencontre à La Riche et une deuxième dans le quartier des Fontaines à Tours, l’équipe du projet de la 2e ligne de tramway tenait ce mercredi soir une nouvelle réunion publique. La présentation est désormais bien rodée. Les propos liminaires du maire de la commune hôte, en occurence ici Sébastien Clément, rappellent les nombreux bénéfices qui accompagneront l’arrivée du tramway.
L’élu local est ensuite complété par son homologue de la Ville de Tours, Emmanuel Denis, qui en sa qualité de Président du syndicat des mobilités de Touraine (SMT) explique comment ce projet s’intègre dans une feuille de route visant à proposer des solutions de déplacement écologiques et économiques. Sont notamment cités les travaux en cours des 110 premiers kilomètres du réseau cyclable structurant de la métropole tourangelle, les résultats records de fréquentation du réseau Fil Bleu – supérieurs à ceux de la période post-COVID – et le développement de l’étoile ferroviaire pour laquelle des avancées concrètes sont attendues prochainement.
Une fois les prises de parole politiques terminées, les services du SMT et du mandataire Transamo poursuivent avec une présentation plus technique. Quels sont les chiffres clés du projet ? Comment le futur tramway va-t-il s’insérer à La Riche ? Où seront situées les 4 stations qui desserviront la commune ? Soazic Le Guen et Valérie Dubreuil, respectivement directrice du SMT et directrice du projet pour Transamo, ont répondu à ces différentes interrogations dans une salle de la mairie comble et où les chaises manquaient.
Parking relais et nouveaux aménagements cyclables
L’occasion de comprendre comment s’insérera le futur parking relais de 297 places situé au terminus « Prieuré Saint-Cosme », à proximité immédiate du boulevard périphérique (M37). Le tronçon de la route de Saint-Genouph passant sous cette voie rapide sera réservé au tramway et aux modes actifs. Pour rejoindre la rue de la Mairie, les automobilistes en provenance de la confluence emprunteront une nouvelle route qui traversera le parking relais. 338 arbres seront plantés dans cet espace qui artificialisera tout de même plusieurs hectares des terres agricoles qui comptent parmi les plus fertiles de notre département.
Sous la M37 et la voie ferrée, une voie partagée piétons/cyclistes est prévue. Ce que n’a pas manqué de dénoncer un Larichois. La maîtrise d’oeuvre avance un espace trop contraint pour y séparer les différents flux. Un argument étonnant quand on sait qu’actuellement cette portion compte dans chaque direction un trottoir, une piste cyclable unidirectionnelle et une voie voiture… qui sera remplacée par le tramway. La copie mériterait donc d’être ici revue.
Pour le reste, les 1,7 kilomètre de ligne en terre larichoise seront jalonnés d’aménagements cyclables a priori qualitatifs. L’itinéraire n°7 du réseau cyclable structurant Vélival, reliant Saint-Pierre-des-Corps à Berthenay, l’empruntera en partie. Très concrètement, une piste unidirectionnelle avec des traversées surélevées est prévue dans les 2 sens rue de la Mairie. La vélorue de la rue d’Entraigues à Tours sera prolongée en piste bidirectionnelle à travers l’EcoQuartier du Plessis-Botanique et jusqu’au pied de l’Hôtel de Ville de La Riche, place du 11 Novembre. Cette dernière est appelée à changer de visage. Un projet de végétalisation est à l’étude. Nous savons d’ores et déjà que la plateforme du tram y sera végétalisée, comme 60% du linéaire dans cette commune.
Rue de la Mairie, un tram en voie unique ?
Malgré cette présentation limpide, bon nombre de riverains étaient venus avec leur lot d’interrogations. Il faut dire que l’arrivée de cette 2e ligne a déjà des conséquences bien visibles dans le centre-ville. Rue de la Mairie, les maisons acquises à l’amiable dans le cadre de l’élargissement de cette artère sont toutes murées. Quelques-unes ont déjà été détruites. Les derniers habitants s’y refusant seront bientôt expropriés. Nous les avions rencontrés il y a 3 ans.
Une autre solution était-elle possible ? C’est la question posée par un habitant qui proposait comme alternative une circulation du tram en voie unique entre le terminus de Saint-Cosme et la mairie. Une configuration aussi économique que fréquente dans d’autres réseaux européens. Visiblement embarrassée, Valérie Dubreuil a écarté cette possibilité en arguant d’éventuels problèmes d’exploitation et en précisant qu’il s’agit d’une décision communale liée à des projets connexes. Aucun élu de la municipalité actuelle ni de la précédente – également présente dans la salle – ne s’exprimera à ce sujet. Le sujet était clos. Nous nous attendions pourtant à ce qu’il domine le débat.
25 minutes pour rejoindre le centre-ville de Tours… contre 15 aujourd’hui
Autre caillou dans la chaussure : la correspondance imposée à l’arrêt Charcot pour rallier le centre-ville de Tours. Cette problématique majeure a été soulevée par de nombreux riverains, dont un représentant de l’association pour le développement des transports collectifs en Touraine (ADTT). Comme cela fut déjà le cas lors de la réunion publique de Chambray-lès-Tours, Emmanuel Denis a rappelé que l’aiguillage en triangle de la place de la Liberté permettra à terme de faire circuler des rames entre La Riche et Vaucanson sans rupture de charge. Le Président du SMT a invité la salle à avoir une « vision dynamique » du réseau dans la perspective d’une future ligne C tout en citant l’exemple du métro parisien où les correspondances sont souvent nombreuses. Peu convaincant.
Le fait est – qu’en l’état actuel du projet – les Larichois désirant se rendre à la gare de Tours en tramway mettront 25 minutes, contre 15 minutes aujourd’hui avec la ligne 3 d’autobus… et 10 minutes à vélo. Ces données ont été rappelées par un membre du Collectif cycliste 37, également présent. Il a été rejoint par une citoyenne précisant que bon nombre de jeunes seront concernés par ces changements compte tenu de leur rattachement au lycée Balzac à Tours.
Face à ces arguments, Emmanuel Denis s’est malgré tout voulu rassurant en appelant le public à « se saisir de l’enquête publique » qui commencera en septembre prochain. Espérons que la mobilisation lors cette nouvelle phase de concertation sera en mesure de faire bouger les lignes. L’objectif doit être de faire circuler une troisième ligne sans rupture de charge vers l’hypercentre de Tours au départ de La Riche ou de Chambray-lès-Tours dès 2028.
Tramway ou BHNS ?
Ces contraintes s’expliquent par le changement de tracé à Tours. L’option du boulevard Béranger a été abandonnée au profit de Jean Royer. « 30% des arbres du mail Béranger étaient menacés« , a rappelé Emmanuel Denis en réponse à une question de la salle. Une salle qui accueillait quelques riverains de cette artère, tous membres du Collectif boulevard Jean Royer. Ils ont d’ailleurs organisé une distribution de tracts à la sortie de la réunion.
Une adhérente de cette association – dont la raison d’être relève principalement du NIMBY (« not in my backyard« , ou pas dans ma cour) – a proposé de remplacer le tramway par une ligne de bus à haut niveau de service entre la place de la Liberté et La Riche. Elle motive ce choix en raison de « l’étroitesse de certains axes traversés« . « Une ligne BHNS a besoin d’une emprise plus importante qu’une plateforme de tram, sa capacité d’emport est moindre et n’est pas adaptée à la fréquentation attendue« , a immédiatement répondu Soazic Le Guen.
S’il est certain que la construction d’une ligne BHNS coûte moins cher que celle d’un tram, son exploitation et la durée de vie de ses infrastructures inversent très rapidement ce rapport. Pas de quoi pour autant faire taire les critiques sur le coût de cette 2e ligne. « Des dépassements sont-ils à craindre ? », s’est interrogé un citoyen. Réponse négative d’Emmanuel Denis qui constate un important ralentissement de l’inflation et plusieurs dizaines de millions d’euros déjà garanties. « L’Etat s’est déjà engagé à hauteur de 66 millions d’euros« , a-t-il ajouté.
Quel plan de circulation pour Tours et La Riche ?
Avec la mise en tête-bêche du boulevard Jean Royer, des craintes se font également jour sur les risques de report de la circulation automobile, notamment rue Febvotte. La directrice du SMT s’est, là aussi, montrée rassurante. La mise en oeuvre du plan d’apaisement a justement pour objectif de supprimer le trafic de transit dans le coeur des quartiers résidentiels.
Christophe Boulanger, conseiller municipal de la Ville de Tours délégué aux mobilités, table sur une réduction de la circulation de l’ordre de 30%. Avant d’ajouter que la mise en service de cette nouvelle ligne entraînera inévitablement un report modal de la voiture vers le tramway. Cela a été massivement observé pour la 1re ligne.
Des inquiétudes tourangelles qui sont également partagées par les Larichois. Comme cet habitant qui souhaite savoir quel plan de circulation sera mis en oeuvre durant les travaux et une fois le tramway mis en service. « C’est encore trop tôt », a répondu Valérie Dubreuil. Pour la phase de construction, elle a promis de revenir à la rencontre de la population en début d’année prochaine avec des informations plus précises. Durant toute la durée du chantier, 5 médiateurs seront déployés sur le terrain.
Avant cela, 3 réunions publiques sont encore à venir aux dates suivantes :
- Mardi 18 juin à Tours à 18h30 – aux Halles, salle 121, Place Paillhou ;
- Mercredi 26 juin à Joué-lès-Tours à 18h – Espace Clos Neuf – salle 1903, 2 rue du Clos Neuf ;
- Mardi 2 juillet à Saint-Pierre-des-Corps à 18h – salle des Fêtes, 34 avenue de la République.
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