[Actualité] Visite archéologique du CDM et P+R Nord

L’Inrap et le Conseil Général ont organisé hier, samedi 26 mars 2011, une visite des sites archéologiques actuellement fouillés par les archéologues. Les lieux seront occupés par le futur Centre de Maintenance et le parking-relais Nord.
L’occasion d’en savoir un peu plus sur le diagnostic en cours.

Les 2 sites avaient été déjà sondés il y a presque 1 an (voir mon article). Les premiers résultats étant positifs, le Préfet a ordonné des fouilles approfondies. Depuis janvier 2011, 17 archéologues (de l’Inrap et du Conseil Général d’Indre-et-Loire) ont fouillé les 4,5 hectares pour retrouver des traces d’occupation. En ce début d’année, les 40 à 50 centimètres de terre végétale ont été dégagés pour mettre à jour le niveau le plus intéressant sur le plan archéologique.

Cette opération a coûté 800 000 €. Cette somme est comptée dans le budget total des travaux du tram. Les fouilles se sont déroulées en hiver afin que Citétram puisse débuter la construction du Centre de Maintenance dès mai prochain. Le prix est plus élevé, car il a fallu faire venir de nombreuses pelleteuses cet hiver. Si les fouilles avaient eu lieu en été, des camions seraient intervenus à la place.

Les différentes étapes des fouilles

Ces portes ouvertes n’ont duré qu’une journée. Les visites se déroulaient hier, entre 10h à 12h et 14h et 17h, avec un départ tous les 1/4 d’heure sous forme d’une visite d’une 1h.

Je faisais partie de la première visite de l’après-midi, celle de 14h. Nous avons sillonné pendant plus d’une heure le site du P+R Nord puis du Centre de maintenance.

Notre parcours commence par le site du parking relais nord et va se dérouler comme ceci.

Plan des découvertes
 

I. Nous effectuons une première pause au nord du site du futur parking relais, où nous découvrons un ancien fossé qui fut comblé. La partie grisée correspond à des traces d’eaux stagnantes datant de l’ère gauloise.  Nous apercevons dans la même coupe les différentes couches qui datent chacune d’une époque différente.

 

 

Ces repères servent pour les prises de vue en ballon
 

II. Nous nous rendons ensuite au pied d’une ancienne bâtisse, annexe de la ferme, qui devait supporter les grains de blé après la récolte. Au vu des dimensions des empreintes des poteaux en bois, on suppose que cet ensemble était censé supporter de lourdes charges. C’est le plus grand bâtiment découvert à l’heure actuelle. Il se constituait de 9 poteaux en bois, dont les négatifs sont restés dans le sol, comme on peut le voir sur les photos ci-dessous (la partie la plus foncée dans le sol derrière les bâtons en bois).

 

III. Nous nous dirigeons ensuite vers un autre bâtiment, plus modeste, qui servait peut-être de poulailler ou de petit stockage de graines.

Nous nous avançons au niveau d’un ancien fossé structurant, limite d’un terrain, datant de l’époque gauloise. Nous apercevons à droite un autre petit bâtiment ayant sans doute la même fonction que celui que nous venons de voir.

IV. Nous voici maintenant arrivés au niveau d’un ancien bâtiment qui devait avoir les mêmes fonctions que celui ci-dessus. Une autre bâtisse a été reconstruite par-dessus, sûrement au Moyen-Age, comme vous le voyez ici.

 

Derrière cet habitat nous apercevons, l’un des plus gros trous de bombe retrouvés. Au total les archéologues en ont trouvé 4 sur le site du parking-relais Nord et 10 sur le site du Centre de Maintenance. Datant de la guerre de 1939-1945, il mesure environ 5 mètres de diamètre.

 

Un autre fossé
 

V. Nous traversons la rue de la Chambrerie pour nous rendre sur le site du futur centre de maintenance. Notre guide nous explique le chemin que nous allons faire, car nous avons ici une bonne vue générale sur les fouilles.

VI. Nous nous arrêtons au niveau d’une ancienne mare gallo-romaine où l’on peut encore très bien voir les limites de cette dernière. De plus, nous voyons encore les fossés dits « drainants » (en haut à droite).

 

Peut-être que dans cette prairie se trouvent d’autres vestiges …
 

VII. Nous faisons à cet endroit une multitude de pauses. Nous apercevons dans un premier temps le plus grand bâtiment du site du Centre de Maintenance où les archéologues ont retrouvé sous les négatifs des poteaux de bois des pierres qui servaient à les stabiliser.

 

 

 

 

Un ancien fossé structurant
 

VII. Nous nous rendons ensuite à base de vie en passant devant la maison qui sera prochainement rasée. Les volets ont été enlevés, l’intérieur et l’extérieur totalement démontés, la clôture, le portail et le portillon ont aussi disparu.

 

 

A la base de vie, 2 autres archéologues nous présentent les découvertes majeures faites sur les 2 sites. Seuls quelques morceaux d’os ont été découverts, car vu l’acidité du sol (de l’argile) ils ont pratiquement tous disparu avec le temps. Les derniers restants ne sont pas dans un bon état de conservation.

Nous voyons beaucoup de vaisselle allant de l’époque gauloise au XVIIIe siècle : un reste de passoire, de nombreux vases et doliums, 2 petites boules servant à tisser (l’ancêtre du métier à tisser)… Une découverte majeure : une attache de ceinture en bronze. Sans oublier la plus vieille pièce trouvée datant de l’âge de Bronze.
Des traces de fer ont également été retrouvées dans le sous-sol, les Gaulois l’ont sans doute utilisé pour fabriquer quelques armes ou couteaux.

 

 

Dans ce moule subsistent des traces de doigts datant du Moyen-Age
 
 
Le reste d’une passoire 
 
L’attache d’une ceinture en bronze 
 
L’ancêtre du métier à tisser
 
Sur ce morceau de dolium, il reste quelques traces d’une ancienne frise
 
 

Cette visite fut très enrichissante sur le plan historique, bien qu’aucune découverte majeure fut découverte. Il faut bien dire qu’elle tombait au bon moment, les fouilles se terminant dans 1 mois il sera maintenant difficile de trouver davantage d’objets.

Les négatifs et pièces seront conservés, mais certaines traces disparaîtront sous les pelleteuses dès mai prochain.

Le siège de l’Inrap situé avenue André Maginot à Tours
 

Malgré toutes ces recherches effectuées depuis 3 mois, il reste encore énormément d’indices non interprétés. Les archéologues ont jusqu’au mois de février 2012 pour trouver des réponses à leurs interrogations.
Dans tous les cas, les archéologues pourront fouiller la zone jusqu’à la fin avril 2011 avant de rendre le terrain.

Merci à l’équipe d’archéologues de nous avoir fait découvrir ces vestiges.

Bonne soirée,