L’enquête publique de la 2e ligne de tramway et du bus à haut niveau de service de Tours Métropole commence aujourd’hui. Jusqu’à la fin octobre, tout un chacun peut y contribuer. Nous vous faisons part de nos observations.
Elle était attendue depuis plusieurs années. Du 23 septembre au 31 octobre, la préfecture d’Indre-et-Loire organise l’enquête publique de la 2e ligne de tram et du futur bus à haut niveau de service (BHNS) de la métropole tourangelle. Une étape supplémentaire vers leur réalisation est donc en train d’être franchie. Sa mise en service est attendue pour la fin du 1er trimestre 2028.
Cette procédure réglementaire doit permettre aux citoyens de s’informer et de s’exprimer sur les projets structurants de leur territoire afin de les améliorer par de l’expertise d’usage. Nous saisissons cette opportunité pour formuler la présente contribution.
Jamais 2 sans 3
Et si cette 2e ligne de tramway était l’occasion d’en créer une 3e ? Alors qu’à l’horizon 2028 la métropole de Tours sera dotée des 4 branches de tramway (vers Tours Nord, Joué-lès-Tours, La Riche et Chambray-lès-Tours), y faire circuler des tramways uniquement entre Tours Nord et Joué-lès-Tours (ligne A) et entre La Riche et Chambray-lès-Tours (ligne B) serait un non-sens absolu.
L’aiguillage en triangle de la place de la Liberté doit être pleinement exploité de manière a également faire circuler des tramways sans rupture de charge entre La Riche et Tours Nord, évitant ainsi une inutile correspondance à la station « Charcot ». L’occasion de créer une 3e ligne sans débourser un centime de plus en infrastructure. Angers l’a fait avec en 2023 en inaugurant sa nouvelle ligne.
Cette optimisation des voies de tramway est étonnement absente du dossier de concertation. Le syndicat des mobilités de Touraine (SMT) doit corriger le tir à l’issue de l’enquête en intégrant ce format d’exploitation dans la négociation de la future délégation de service public pour le réseau bus+tram. L’appel d’offres est déjà lancé pour un renouvellement prévu pour 2026. Un service similaire entre Chambray-lès-Tours et Tours Nord mérite également d’être étudié.
Quel terminus pour Chambray-lès-Tours ?
L’exploitation de cette future étoile aurait également un intérêt économique en optimisant son utilisation afin d’améliorer le service rendu aux habitants. Cela est loin d’être un détail pour un projet qui n’a eu de cesse de voir ses coûts s’envoler. Les retards successifs font qu’il est aujourd’hui estimé à 495 millions d’euros HT, dont 462 millions pour la ligne B et 33 millions pour le bus à haut niveau de service.
D’autres économies sont également à aller chercher du côté du terminus sud. Le tronçon entre l’hôpital Trousseau et le quartier de la Papoterie à Chambray-lès-Tours est majoritairement bordé de bois classés. Cette faible densité de population justifie difficilement un mode de transport aussi capacitaire qu’un tramway. A proximité, le quartier fortement peuplé des Grands Champs à Saint-Avertin demeure le grand oublié du projet. Sa pertinence doit être re-questionnée à l’aune de l’enquête publique.
S’il est probable que la municipalité chambraisienne s’oppose à un raccourcissement de la ligne au niveau de son centre-ville, la construction d’une voie unique pourrait constituer une alternative intéressante pour rejoindre la Papoterie. Cette solution pragmatique permettrait à la fois de réduire l’investissement et les coûts d’exploitation en faisant en sorte qu’un tramway sur 2 effectue son terminus au niveau du château de la Branchoire.
S’il peut être pertinent dans certains cas, il faudra tout de même veiller à ce que le report modal de la voiture vers le tramway motivant la construction du parking-relais de la Papoterie ne se fasse pas au détriment du train pour les habitants du Lochois. Rappelons que la Région Centre-Val de Loire a récemment investi 36 millions d’euros pour la rénovation de la ligne SNCF Tours-Loches. Des précisions sur la « compensation » de la zone humide détruite par ce nouveau parking seraient également les bienvenues.
Notons que d’autres économies – bien que plus marginales – peuvent être réalisées le long de la future ligne B. Nous en voulons pour preuve certaines démolitions surprenantes telles que celle de la maison du 30-32 rue Hélène Boucher à Tours. Une modification de la courbe au sortir des Beaumonts suffirait à l’épargner et ainsi à sauver l’une des plus anciennes bâtisses de ce quartier.
Quelle vision pour les transports métropolitains de demain ?
Plus globalement, à la lecture du dossier d’enquête publique, un manque de vision de nos décideurs quant à un réseau transport en commun mature à l’échelle de l’aire métropolitaine tourangelle se fait sentir.
A quoi ressemblera-t-il ? Où en sont les études des futures lignes de tramway promises depuis plusieurs années ? Quid de l’interconnexion avec le service express régional métropolitain (SERM) et de potentielles lignes de tram-train ? Autant de questions qui demeurent pour l’heure sans réponses. Il s’agit pourtant d’éléments décisifs pour s’exprimer sur le projet aujourd’hui présenté au public.
Des aiguillages supplémentaires à intégrer dès à présent
Nous en voulons pour preuve l’absence de toute anticipation quant à de futurs prolongements du tram. Dès à présent, il serait judicieux d’intégrer des aiguillages supplémentaires en direction de la partie méridionale de l’avenue du Grand Sud à Chambray-lès-Tours – afin de rallier ultérieurement le secteur de Chambray 2 – ainsi que devant l’hôpital Trousseau, pour desservir le quartier Saint-Avertinois des Grands Champs.
La même logique pourrait s’appliquer place de la Liberté à Tours où le début d’une voie se dirigeant vers le nord de l’avenue de Grammont pourrait être posé. Avec le renforcement de l’offre de tramway en centre-ville, il s’agirait de proposer à terme un service plus direct entre Jean Jaurès et Liberté n’effectuant pas systématiquement un détour par le quartier du Sanitas.
Tout l’enjeu est de ne pas reproduire les erreurs de la 1re ligne. Si des tests avaient bien été effectués au carrefour de Verdun durant sa construction, aucun aiguillage n’avait finalement été intégré en direction de Tours Sud.
Conséquence directe, nous savons d’ores et déjà que la ligne A devra être interrompue durant une longue période pour installer cette aiguille indispensable à la 2e ligne. Bien des désagréments et des surcoûts auraient pu être évités si cela avait été correctement anticipé à l’époque.
Quid des connexions tram-train ?
L’interconnexion tram-train ne semble pas beaucoup mieux lotie. Alors que l’étoile ferroviaire tourangelle a été récemment labélisée « service express régional métropolitain », le dossier de l’enquête publique est peu bavard sur ses éventuelles interconnexions avec le réseau de tramway.
Outre la gare de Tours, plusieurs endroits semblent pourtant y être prédestinés. A la croisée de la ligne SNCF de Tours au Mans, du boulevard périphérique et de la future ligne B de tramway, la partie ouest de la rue de la Mairie à La Riche fait partie de ceux-là. Rien n’est pourtant dit à son sujet. Rien non plus sur le carrefour de Verdun à Tours où une zone intermodale train-tram-bus est évoquée de longue date.
Ce constat est aussi valable à Saint-Pierre-des-Corps où le projet de ligne de bus à haut niveau de service desservant uniquement le centre commercial des Atlantes ne saura pas faire oublier le projet de tram-train au départ de la gare de Tours et qui, une fois en insertion urbaine à partir de la gare TGV, desservirait le quartier de la Rabaterie et la porte métropolitaine Est.
Tous ces silences sont d’autant plus regrettables que nous savons que la décarbonation de nos déplacements doit passer par des solutions de mobilité de plus en plus intégrées. L’expérimentation d’un billet unique d’ici la fin de cette année avec les trains SNCF et les réseaux de Tours, Caen et Le Mans en est sans doute la meilleure illustration.
Des aménagements piétons et cyclables qualitatifs, mais qui restent à bonifier
Dans un contexte où les modes de déplacement actifs sont en plein essor, les citoyens sont de plus en plus attentifs à la qualité des aménagements piétons et cyclables qui sont proposés. Nous l’avions déjà remarqué lors des réunions publiques de juin dernier avec de nombreuses prises de parole à ce sujet.
Si la copie de cette 2e ligne semble être meilleure que celle de son aîné, plusieurs secteurs posent tout de même question. C’est par exemple le cas à proximité du futur terminus « Bords de Loire » à La Riche. Route de Saint-Genouph, la piste cyclable unidirectionnelle située sous les ponts SNCF et du boulevard périphérique serait remplacée par une simple voie verte.
Les 2 voies de tramway devant se substituer à celles aujourd’hui utilisées par les automobilistes, l’espace est pourtant suffisant pour conserver la configuration actuelle. Les 2 pistes unidirectionnelles et les 2 trottoirs doivent donc être conservés.
Nous savons que ces zones de cohabitation non différenciées entre piétons et cyclistes sont toujours une source de conflits d’usage. Une autre voie verte est malgré tout proposée aux limites de Tours, de Chambray-lès-Tours et de Joué-lès-Tours, avenue du Grand Sud. S’agissant de l’ancienne route nationale 10, les enjeux d’apaisement sont majeurs.
Avec une largeur de voirie d’environ 25 mètres, difficile de croire qu’il ne serait pas ici possible de séparer les différents flux. Là aussi, il est encore temps de revoir la copie pour proposer une piste cyclable bidirectionnelle correctement séparée du trottoir.
Des précisions seraient également appréciées au sujet d’une éventuelle continuité piétonne et cyclable visant à améliorer la desserte de l’hôpital Bretonneau à Tours. La station de tramway étant située à 500 mètres de son entrée principale, il est certain que le « trottoir cyclable » actuel du boulevard Tonnellé n’est pas satisfaisant pour le déplacement d’un public qui présente souvent d’importants problèmes de mobilité.
Vous avez dit bus à « haut niveau de service » ?
Souvent dans l’ombre du projet de tramway, la ligne de bus à haut niveau de service est elle aussi soumise à l’avis des habitants dans le cadre de cette enquête. Dans 4 ans, elle reliera Les Douets à Tours Nord au centre commercial des Atlantes à Saint-Pierre-des-Corps.
Au nord de la Loire, aucun changement n’est à signaler. Son itinéraire reprendra l’actuel tracé de la ligne Fil Bleu 2 Tempo. Dans le centre-ville de Tours, son insertion est plus discutable. Aucun site propre n’est par exemple prévu rue Mirabeau et rue Edouard Vaillant.
S’agissant d’artères très souvent congestionnées, il est à craindre que la régularité – et donc l’attractivité – de cette nouvelle offre de transport en pâtisse. A minima, il serait souhaitable qu’un nouveau plan de circulation reporte le flux automobile du quartier Mirabeau vers le carrefour des Français Libres, dimensionné pour un trafic important. Et ce, d’autant plus que cela est une demande récurrente des riverains. Il s’agirait là d’une condition nécessaire à la mise en place d’une voie réservée.
Nous faisons également part de notre étonnement quant à la faible ambition en matière de végétalisation le long de son itinéraire. Prenons l’exemple du boulevard Heurteloup. Alors que la création de nouveaux sites propres sur cet axe est à saluer, seuls les pieds des platanes seront désimperméabilisés.
Afin de développer de nouveaux îlots de fraicheur, il serait pertinent de réaliser cette opération sur toute la longueur du mail historique comme cela a déjà été fait entre la place Jean Jaurès et du Général Leclerc.
Enfin, le terminus corpopétrussien aux Atlantes pose question. Interrogés sur ce point en réunion publique, les porteurs du projet défendent ce choix en évoquant un prolongement ultérieur de la ligne vers la gare TGV de Saint-Pierre-des-Corps. Le « retournement » de son accès vers le sud à une date inconnue est avancé. Il s’agirait d’une approche purement routière qui consisterait à le relier au futur échangeur autoroutier de Rochepinard.
Autant dire que ce projet qui fleure bon le XXe siècle semble être déjà mort-né. Quoiqu’il en soit, il semble certain que ce nouvel axe BHNS ne facilitera en rien les déplacements des habitants de la 4e commune la plus peuplée du département tant sa localisation est excentrée.
Pour l’heure, aucune perspective en matière de développement de transport en commun ne leur est malheureusement proposée. Nul doute qu’ils sauront se mobiliser d’ici la clôture de l’enquête publique le jeudi 31 octobre 2024 à 17h.
Comment s’exprimer et déposer son avis ?
Pour consulter les documents et participer à l’enquête publique, plusieurs solutions s’offrent à vous :
- Un registre dématérialisé est mis à disposition du public durant toute la durée de l’enquête en cliquant ici, ainsi qu’une adresse courriel : enquete-publique-lignes2tram@mail.registre-numerique.fr ;
- Un registre papier est également disponible dans les mairies de Chambray-lès-Tours, La Riche, Tours, mairie annexe des Fontaines à Tours, Joué-lès-Tours et Saint-Pierre-des-Corps ;
- Par courrier au siège de l’enquête publique : Mairie de Tours, 3 rue des Minimes, 37 926 Tours Cedex 9 ;
- Lors de permanences, la commission d’enquête se tiendra à la disposition du public aux dates et lieux indiqués ici.
Avant de parler d’une 3ème voie essayons de se mettre d’accord sur une 2ème.
Le tracé par le boulevard Jean Royer semble complètement inutile (en nombre de personne, cela ressemble à un désert). La solution par Béranger, voir les tanneurs est plus approprié, ces rues desservant plus de monde.
Béranger desservant Clocheville, des entreprises et divers administrations,.
Je suis satisfaite
Inutile !!!
La ligne b est un bon projet mais le tram mis en service en 2028 c’est beaucoup trop tard il l’aurai fallut une mise en service en 2026-2027. Vous vous y êtes pris trop en retard.