Le ministère des Transports a annoncé hier que Tours faisait partie des 15 réseaux labellisés « services express régionaux métropolitains » (SERM). Cette excellente nouvelle marque également le début d’un long processus. Que va-t-il se passer à présent ? Renforcement de l’offre, nouvelles gares… Les premiers éléments de réponse.
Il aura suffi d’une vidéo du Président de la République en novembre 2022 pour relancer l’étoile ferroviaire tourangelle. Véritable serpent de mer de la politique locale, le sujet était sur la table depuis plus de 40 ans. En annonçant vouloir doter 10 métropoles françaises de réseaux express régionaux, Emmanuel Macron a ainsi donné une impulsion sans précédent au projet tourangeau.
44 gares qui desservent 80% de la population départementale
Les élus du territoire ne s’y sont pas trompés et ont immédiatement saisi la balle au bond. Quelques jours après l’annonce présidentielle, Frédéric Augis et Emmanuel Denis prenaient leur plume pour écrire au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Dans leur courrier, ils appelaient notamment à une forte mobilisation de l’Etat tout en rappelant les caractéristiques exceptionnelles de notre étoile à 10 branches. Notre département compte pas moins de 44 gares qui desservent plus de 80% de la population. Elles sont réparties le long de 400 kilomètres de voies ferrées.
Le message a visiblement été parfaitement reçu par l’Etat. Le 27 janvier 2023, le Préfet d’Indre-et-Loire, Patrice Latron, faisait partie des personnalités présentes au siège de Tours Métropole pour signer une déclaration d’intention commune. Une véritable démonstration de force de la part des Présidents des intercommunalités d’Indre-et-Loire. Ils pouvaient également compter ce jour-là sur le soutien du Président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau.
D’outsider à grand gagnant
La partie était cependant loin d’être gagnée. Tous le savaient : Tours ne figurait pas dans la liste des projets considérés comme prioritaires pour développer des services express régionaux métropolitains. Le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) publié en février 2023 l’avait durement rappelé. Nous faisions partie des réseaux « à préparer », et non de ceux « à faire avancer rapidement ».
Pas de quoi baisser les bras pour autant. Au cours de l’année et demie qui s’est écoulée, les réunions avec l’ensemble des acteurs du territoire – coordonnées par l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours (ATU) – se sont multipliées.
Elus, techniciens et experts des mobilités se sont ainsi réunis autour d’une même table pour produire un « dossier minute » de labellisation. Il a été transmis au ministère de la Transition écologique en début de semaine pour présenter l’ambition générale du projet, son périmètre et ses grandes orientations stratégiques.
Davantage de moyens grâce à la labellisation SERM
Les efforts de cette mobilisation n’auront pas été vains. La qualité de la candidature tourangelle a visiblement convaincu. Christophe Béchu a annoncé hier la présence de Tours parmi les 15 projets recevables à la labellisation « SERM », aux côtés de villes comme Bordeaux, Grenoble ou Strasbourg. Cette procédure constitue la première étape de la mise en oeuvre de la loi de 2023 relative aux services express régionaux métropolitains.
Les travaux d’élaboration n’en sont donc qu’à leurs débuts. Ils doivent désormais se poursuivre en vue de l’obtention du statut par arrêté. Cette décision sera prise sur la base d’un nouveau dossier, encore plus approfondi. Il devra préciser les objectifs, la feuille de route pour les atteindre, le plan de financement ainsi que les modalités de gouvernance prévues.
A terme, la labellisation devrait faciliter l’obtention de fonds publics et ouvrir la voie à de nouvelles compétences en matière d’ingénierie. La loi prévoit notamment un pilotage des chantiers des futurs RER métropolitains par la Société des grands projets (SGP), anciennement Société du Grand Paris. L’objectif est de doter la France de services similaires aux S-Bahn allemands. Il s’agit de proposer une alternative viable et économique au tout-voiture en mettant ainsi fin à l’opposition villes-campagnes en matière de mobilité.
Plus de trains, mais pas que…
Si le SERM prévoit bien sûr d’intensifier l’offre de trains, il devrait également faciliter l’intermodalité grâce à un billet et une tarification uniques. A l’échelle de la Touraine, cela s’accompagnera du développement de lignes d’autocars express, de pistes cyclables sécurisées, d’une offre de covoiturage et de la poursuite du développement de lignes de tramway ou de tram-train. Des pôles d’échanges multimodaux (PEM) feront leur apparition.
Afin de faire de ces projets une réalité, l’ATU lance ce mois-ci une étude d’aménagement et d’urbanisme. Un « pass Touraine » devrait bientôt voir le jour de manière à favoriser le passage d’un mode de transport à un autre. D’ici la fin de l’année 2025, la gare de Fondettes-Saint-Cyr-sur-Loire recevra à nouveau des voyageurs. Il s’agira de la première réouverture de ce type en Indre-et-Loire. De nouvelles haltes devraient ensuite voir le jour (La Ville-aux-Dames, La Riche…). Les renforcements des offres ferroviaires et routières se poursuivront simultanément, sur le modèle de ce qui a été fait à Montlouis-sur-Loire fin 2022.
A plus long terme, mais toujours au cours de cette décennie, des travaux d’infrastructure plus conséquents sont prévus. Des études techniques pointues seront nécessaires pour procéder à un renfort de l’offre toujours plus conséquent. L’ensemble de ces développements sera à suivre ici.
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