L'avenue de la République à Chambray-lès-Tours en 2029

Terminus de la ligne B : doit-on abandonner la Papoterie ?

Jusqu’à présent discret sur le sujet, le maire de Saint-Avertin est récemment sorti de sa réserve pour s’opposer à l’idée d’un terminus de la deuxième ligne de tramway à la Papoterie, sur la commune de Chambray-lès-Tours. Un pavé dans la mare qui questionne la pertinence de ces 2,5 derniers kilomètres et qui remet sur le devant de la scène une autre option, celle de la desserte du coeur du CHU Trousseau et du quartier des Grands-Champs.

« Je n’aspire pas à ce que la future ligne de tramway aille au-delà de Trousseau. Je suis opposé à l’idée de la prolonger jusqu’à la Papoterie. […] Investir autant d’argent dans ce tronçon me parait totalement inutile ». Les propos de Laurent Rayond, maire de Saint-Avertin, dans les colonnes de La Nouvelle République du 28 janvier seraient presque passés inaperçus.

Si tous les regards se tournent vers l’ouest du tracé depuis la dernière déclaration du maire de Tours, son extrémité sud se retrouve elle aussi au coeur d’une polémique. Cette fois-ci, il n’est point question d’arbres, mais d’un prolongement jugé trop coûteux pour un potentiel de desserte faible. Laurent Raymond, également 5e Vice-président de Tours Métropole délégué aux espaces publics et à la biodiversité, craint que le projet perturbe la circulation des 12 000 véhicules qui empruntent chaque jour cet axe. Au-delà de cet argument, force est de constater que les 2,5 kilomètres qui séparent l’hôpital Trousseau du futur terminus de la Papoterie se font dans une ambiance de plus champêtres.

2,5 kilomètres au milieu des bois ?

La prédominance des espaces boisés le long de ce tronçon rend impossible la construction de nouveaux logements dont la présence justifierait un mode de transport aussi lourd que le tramway. Ce ne sont pas les quelques dents creuses en train d’être livrées promoteurs et la présence d’un lycée agricole qui seront en mesure de changer la donne. Pas plus que la maisonneraie de la Papoterie et ses 186 logements. Le quartier pavillonnaire a été bâti à la fin des années 1980 dans une forêt jadis propriété de La Nouvelle République.

La prise de position du maire de Saint-Avertin a toute les chances de contrarier son homologue chambraisien, 6e Vice-président de Tours Métropole délégué aux finances et à l’urbanisme. Il est également le trésorier du Syndicat des Mobilités de Touraine (SMT), la structure en charge de la réalisation de la ligne B. En toute logique, Christian Gatard continue de défendre un tracé sur sa commune allant jusqu’à la Papoterie. Il permettrait notamment d’anticiper la création d’un centre de maintenance en vue d’une troisième ligne, même s’il est possible que du foncier mieux situé se libère d’ici là.

Desserte de la vallée de l’Indre : plutôt miser sur le tram-train ?

Pour le maire de Chambray-lès-Tours, ce terminus – bien qu’excentré – sera l’occasion de bâtir un parking relais sur des terrains actuellement utilisés à des fins agricoles et ainsi capter l’important flux de véhicules provenant de la vallée de l’Indre. Hélas, cet argument a récemment pris du plomb dans l’aile. Initialement prévue pour une capacité de 400 places, sa surface devra être divisée par 2, soit 200 places, en raison de la présence d’une zone humide. Il est hautement probable qu’il sature tôt le matin et que le tramway circule à vide une bonne partie de la journée.

L’entrée de la maisonneraie de la Papoterie à Chambray-lès-Tours

De plus, encourager les déplacements automobiles depuis le sud de la Métropole parait être anachronique alors que 36 millions d’euros sont en train d’être investis pour moderniser l’axe SNCF Tours-Loches. A moyen terme, elle pourrait même y voir circuler un tram-train qui se connecterait à la ligne A actuelle à hauteur de Jean Monnet. Seuls 300 mètres de voies nouvelles seraient à créer dans ce secteur de Joué-lès-Tours pour un coût modique. Les habitants de Montbazon, de Veigné, d’Esvres ou de Cormery seraient ainsi reliés au centre-ville de Tours en quelques dizaines de minutes.

La 5e ville du département en passe d’être privée de tramway

Soulignons tout de même que la sortie de Laurent Raymond n’est pas non plus dénuée d’intérêts pour l’avenir de sa commune. Si le tracé jusqu’à la Papoterie venait à se concrétiser, nous savons que le tramway n’entrerait pas dans l’enceinte du CHRU de Trousseau. Sa station serait implantée en ligne droite, avenue de la République, et priverait donc la cinquième commune la plus peuplée du département de toute possibilité de prolongement ultérieur.

Le projet actuel ne prévoit pas la desserte de l’hôpital Trousseau en son coeur

Pourtant seul 1,6 kilomètre serait à construire – à comparer aux 2,5 kilomètres les séparant de la Papoterie – pour rallier le quartier des Grands Champs, ses nombreuses habitations, ses infrastructures scolaires (école, collège, gymnase…) et son centre commercial. D’une largeur moyenne de 25 mètres, la configuration de l’avenue du Général de Gaulle qui traverse le sud de Saint-Avertin ne présente aucune contrainte particulière en matière d’insertion pour un transport en site propre.

La largeur de l’avenue du Général de Gaulle à Saint-Avertin est compatible avec l’emprise d’un tramway

Un corridor urbanisé jusqu’au Onze Arpents

Sur un temps plus long, il serait envisageable de poursuivre cette extension jusqu’à l’extrémité est de l’avenue du Général de Gaulle. Nous serions alors au coeur du quartier des Onze Arpents, de son centre commercial et de son gymnase. Contrairement aux abords de la D943, les 2 kilomètres qui les séparent des Grands Champs sont déjà massivement urbanisés.

Le quartier des Onze Arpents à Saint-Avertin

Un investissement qui parait être aujourd’hui davantage justifié lorsque l’on connait le coût d’un tramway. Pour rappel, la première ligne de Tours a été évaluée à 27 millions d’euros HT du kilomètre, et ce, sans compter les frais d’exploitation. Chaque kilomètre supplémentaire nécessite l’achat de nouvelles rames et le recrutement de plusieurs conducteurs.

A l’approche de la déclaration d’utilité publique, les mois à venir nous diront si le tronçon de la Papoterie est confirmé ou s’il connaitra le même sort que le prolongement de l’aéroport, subitement suspendu en novembre dernier.

Pour découvrir l’ensemble du projet, rendez-vous sur notre page « Ligne B ».