Mercredi soir se tenait à Chambray-lès-Tours la première réunion publique depuis la concertation de 2018. A quelques mois de l’enquête publique, la ligne B de tramway a été présentée à des riverains venus nombreux et curieux d’en apprendre davantage à son sujet. Les questions n’ont pas manqué.
Finies les longues années de tergiversations autour de son tracé. La 2e ligne de tramway de la métropole tourangelle est désormais sur le point de se concrétiser. L’enquête publique, durant laquelle tout un chacun pourra s’exprimer sur ses modalités, commencera d’ici la mi-septembre et pour une durée d’un mois minimum. Les premiers coups de pioches sont attendus à l’été 2025 pour une mise en service au 1er trimestre 2028.
6 réunions publiques d’ici juillet
Préalablement à cela, les élus et les équipes techniques vont à la rencontre des riverains concernés pour leur présenter en détail le projet. A cette occasion, 6 réunions publiques sont organisées jusqu’à début juillet, et ce, dans les 4 communes traversées par la 2e ligne de tramway et le bus à haut niveau de service : Chambray-lès-Tours, Tours, La Riche et Saint-Pierre-des-Corps. La première rencontre s’est tenue ce mercredi soir en terre chambraisienne, dans l’espace culturel Yves Renault, situé à quelques dizaines de mètres du corridor du futur tramway.
L’exercice était aussi attendu que redouté. Quels allaient être les retours d’une population à qui l’on promet le tramway depuis plus de 7 ans ? Tout d’abord, à en croire la salle quasiment comble, le sujet continue d’intéresser bon nombre d’habitants. Environ 120 personnes avaient fait le déplacement. Toutes ont écouté avec attention le mot d’accueil du maire de Chambray-lès-Tours – Christian Gatard – qui s’est félicité des perspectives prometteuses que dessine l’arrivée du tramway dans sa commune.
35 000 voyages attendus quotidiennement
Christian Gatard a été rejoint par son homologue Emmanuel Denis, maire de Tours, Vice-président métropolitain délégué aux transports et Président du syndicat des mobilités de Touraine (SMT). Ce dernier a rappelé que la 2e ligne de tramway et le futur bus à haut niveau de service entre Tours et Saint-Pierre-des-Corps s’inscrivent dans un réseau de mobilité plus global : réseau cyclable structurant, revitalisation de l’étoile ferroviaire… En développant ainsi l’intermodalité, il est probable que les projections actuelles de fréquentation (35 000 voyages par jour) pour la prochaine ligne de tram soient largement sous-estimées. Celles de la 1re ligne ont été multipliées par deux et atteignent aujourd’hui fréquemment les 70 000 voyages quotidiens.
70 000, c’est exactement le nombre d’habitants qui seront desservis par la 2e ligne. Lors de sa présentation des chiffres clés, Soazic Le Guen, directrice du SMT, en a profité pour actualiser les données liées à son financement. Le tramway devrait ainsi coûter 462 millions d’euros HT (valeur septembre 2023) et le bus à haut niveau de service 33 millions d’euros. Des montants bien supérieurs à ceux qui ont été dépensés par nos voisins angevins. Ils ont dû débourser 300 millions d’euros pour leurs lignes B et C inaugurées l’été dernier, malgré une longueur de voie plus importante que dans le projet tourangeau.
Un hôpital et un parking relais à desservir
Malgré tout, cette nouvelle ligne semble être sur de bons rails. Valérie Dubreuil, directrice du projet chez Transamo, a présenté ses modalités d’insertion dans la 7e ville la plus peuplée du département. Rue par rue, le positionnement de la plateforme de 6 mètres de large a été précisé. En dépit de schémas très techniques et souvent peu lisibles, les Chambraisiennes et les Chambraisiens ont pu apprendre que la station qui desservira l’hôpital Trousseau sera implantée à 200 mètres de son entrée principale. Une distance peu satisfaisante qui aurait probablement pu être réduite si cette 2e ligne avait été mieux coordonnée avec le projet du nouvel hôpital Trousseau (NHT).
Chambray-lès-Tours aura pour particularité d’accueillir l’un des 2 terminus de cette future ligne. Projeté à l’entrée du quartier de La Papoterie, il sera équipé d’un parking relais d’une capacité de 402 places. Cet espace accueillera 180 des 2200 arbres qui devraient être plantés le long des 12,5 kilomètres de voies. La création de ce stationnement ne sera pas sans conséquences environnementales puisqu’une partie de la zone humide actuellement présente devra être artificialisée. Sa « compensation » a été annoncée, sans plus de précisions.
Le quartier de la Papoterie interroge
Lors des échanges avec la salle, c’est sans surprise le quartier de la Papoterie qui a retenu toute l’attention. Il faut dire que ses habitants étaient venus en nombre. Outre les éventuels impacts sur la zone humide et la source du Saint-Laurent toute proche, pour lesquelles l’équipe projet s’est montrée rassurante, les riverains ont voulu comprendre les critères qui avaient guidé ce choix d’implantation. La connexion au boulevard périphérique est l’un des arguments avancés par Transamo.
La proximité immédiate avec les habitations et les risques de congestion en heures de pointe suscitent quelques craintes. Rien, par contre, sur les 2,5 kilomètres entre l’hôpital Trousseau et le futur terminus alors qu’une bonne partie de ce linéaire, route de Loches, est bordé de forêts classées. Nous savons que ce choix est vivement contesté, notamment par la commune voisine de Saint-Avertin, qui voit le tramway lui échapper, malgré un potentiel de desserte beaucoup plus important.
Une forte demande pour des aménagements cyclables qualitatifs
Des problématiques liées à la route de Loches ont malgré tout étaient soulevées. Un riverain appréciant l’actuelle infrastructure cyclable d’un de ses tronçons craint que l’arrivée du tramway ne le dégrade. Afin de limiter les conflits d’usage, Valérie Dubreuil a alors expliqué que le principe général était de séparer les flux piétons et cyclistes grâce aux recours à des enrobés et à des niveaux différents… sauf lorsque cela n’est pas possible en raison d’une chaussée trop étroite !
Les aménagements cyclables proposés devront tout de même être scrutés de près. Difficile de croire que la largeur fait défaut sur l’avenue du Grand Sud, l’ancienne route nationale 10. C’est pourtant une voie verte – où devront cohabiter piétons et cyclistes – qui est proposée sur plus de 1,5 kilomètre entre Tours et Chambray-lès-Tours.
Là réside l’un des principaux enseignements de cette première réunion publique. Alors que les conséquences du tram sur le trafic automobile cristallisaient les craintes à l’époque du projet de la ligne A, c’est à présent la circulation des piétons et des vélos qui semble être une priorité. Signe que les temps ont sans doute changé, nous avons pu constater tout au long des échanges que les exigences citoyennes en matière d’infrastructures sécurisées étaient fortes. A l’image de cette résidente du quartier de la Branchoire qui souhaitait en savoir davantage sur les futurs abris vélos sécurisés. « Ils seront d’une capacité de 25 à 30 places et seront sécurisés comme ceux déjà existants dans la métropole« , lui a répondu Valérie Dubreuil.
Un tracé qui peine tout de même à convaincre
Le projet ne s’arrêtant pas aux limites communales de Chambray-lès-Tours, plusieurs personnes ont saisi l’opportunité de cette réunion publique pour interroger sa pertinence, voire pour le remettre en cause. Parmi la quinzaine de questions posées, toujours dans le respect et l’écoute, plusieurs prises de paroles sont revenues sur le tracé de cette ligne B qui ne devrait pas desservir l’hypercentre de Tours. Cette situation s’explique par le passage par le boulevard Jean Royer, préféré au boulevard Béranger. « Nous devrons changer de tramway à Liberté pour nous rendre à la gare de Tours« , a déploré un habitant.
Visiblement conscient de ce point noir, Emmanuel Denis lui a expliqué qu’un aiguillage en « Y » sera installé place de la Liberté afin de préfigurer la ligne C. Il sera donc techniquement possible de faire circuler des tramways entre Chambray-lès-Tours et Vaucanson sans rupture de charge. Reste à voir comment cela pourrait se concrétiser en termes d’exploitation et de cadencement. Selon le Président du SMT, il n’est pas certain que cela soit possible dès la mise en service en 2028. Il reste à espérer qu’une forte mobilisation citoyenne dans le cadre de l’enquête publique conduise les décideurs locaux à changer de braquet.
Si aucun commentaire n’a été fait au sujet du coût global du projet, le passage par le boulevard Jean Royer continue de faire grincer des dents. Une professionnelle de santé exerçant dans cette artère et membre du « Collectif Boulevard Jean Royer » avait fait le déplacement. Elle a souhaité alerter les élus sur les effets négatifs qu’entraînera la coupe de l’alignement d’arbres existant. L’aménagement d’îlots de fraicheur, notamment place Sidi Brahmin, et la végétalisation de l’espace public grâce au programme « A Fleur de trottoir » a été mise en avant par Emmanuel Denis comme des solutions de rafraichissement. Pas sûr que cela soit suffisant.
Un projet dopé par le succès de la ligne A
Les idées ne manquaient pourtant pas hier soir pour bonifier cette future ligne. Comme ce Chambraisien qui a proposé de remplacer la plateforme végétalisée par de la pelouse synthétique. Malgré d’incontestables économies d’eau, « cela n’est pas viable » a immédiatement tranché Valérie Dubreuil, visiblement interpellée par cette invitation à recouvrir de plastique la moitié du tracé de la 2e ligne. « Des expérimentations sont en cours pour planter des essences peu ou pas gourmandes en eau« , a-t-elle précisé. Une décision devrait être prise prochainement, mais il semble déjà acté que certains tronçons de la plateforme végétalisée ne seront plus du tout arrosés.
A priori plutôt satisfaits du projet qui leur a été présenté, les habitants de Chambray-lès-Tours semblent placer beaucoup d’espoir dans leur futur tramway. Le succès incontesté de la ligne A y est sans doute pour beaucoup. « J’espère que les rames seront aussi belles que celles qui circulent actuellement« , a conclu une riveraine. Le design définitif sera dévoilé dans les prochains mois… sans les colonnes de Daniel Buren.
Si vous souhaitez vous aussi prendre part à ces réunions publiques, nous vous invitons à noter dès à présent les dates suivantes :
- Vendredi 7 juin à Tours, à 18h30 – salle familiale des Fontaines, 8 bis avenue de Milan ;
- Mercredi 12 juin à La Riche à 18h – Mairie, salle Ronsard, Place du Maréchal Leclerc ;
- Mardi 18 juin à Tours à 18h30 – aux Halles, salle 121, Place Paillhou ;
- Mercredi 26 juin à Joué-lès-Tours à 18h – Espace Clos Neuf – salle 1903, 2 rue du Clos Neuf ;
- Mardi 2 juillet à Saint-Pierre-des-Corps à 18h – salle des Fêtes, 34 avenue de la République.
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