Il y a 5 ans aujourd’hui, la ville de Tours inaugurait sa première ligne de tramway dans une liesse collective. Retour sur une demi-décennie qui changea profondément le visage de la Métropole.
Le 31 août 2013 à 13h, la première rame tentait de se frayer un passage au milieu d’une place Jean Jaurès recouverte d’une foule compacte. À grand renfort d’effets pyrotechniques, on célébrait alors le retour d’un mode de transport disparu du paysage tourangeau depuis 64 ans et la fin d’un chantier de 3 ans qui a souvent mis les nerfs des habitants à rude épreuve.
Longtemps controversé, l’ambitieux projet a su montrer que le tramway n’était pas un simple transport en commun, mais un puissant outil d’urbanisme qui a permis de repenser le partage de l’espace public tout en désenclavant des quartiers entiers (Sanitas, Rabière, Europe…). Le long de ses 15 kilomètres, la nature a repris ses droits avec une plateforme végétalisée à 40% et la plantation symbolique de 2013 arbres, après l’abattage contraint de 1000 spécimens lors des travaux.
Une réalisation artistique
Souvent considéré comme le plus beau tramway du monde, ses 21 rames produites en France par Alstom sont le résultat d’une rencontre inédite entre le monde de la mobilité et celui de l’art. Imaginée par le collectif « Ensemble(s) la ligne », leur livrée miroir se veut être un reflet des paysages traversés. Les bandes de Daniel Buren ont permis une réappropriation plus globale de la ville. En plus de se prolonger sur les quais des stations et des totems abritant la billettique, nous retrouvons ses réalisations à de nombreux endroits : dans chaque parkings-relais, devant l’hôtel de ville de Joué-lès-Tours, place Choiseul, place de la Tranchée…
Un mode de transport plébiscité
Au-delà des considérations esthétiques, tout porte à croire que cette première ligne a su rencontrer son public. Dépassant les projections les plus optimistes, sa fréquentation ne cesse de battre des records, allant de 14,7 millions de voyages enregistrés en 2014 à 16,3 millions l’an passé. Elle a doté le réseau Fil Bleu d’une véritable colonne vertébrale nord-sud qui a permis de concevoir une offre bus+tram de qualité, récompensée en 2014 par le titre de « meilleur réseau de transport de l’année ». En 5 ans, ce ne sont pas moins de 75 millions de « bip » qui ont retenti à bord de la ligne A. Autre chiffre impressionnant, le matériel roulant a déjà parcouru plus de 6,5 millions de kilomètres, l’équivalent de 17 fois la distance qui sépare la Terre de la Lune !
[infogram id= »tram-de-tours-levolution-de-la-frequentation-1h0r6rkzjxyw4ek » prefix= »EBU »]
Il serait impossible de revenir sur ces dernières années sans parler des hommes et des femmes qui ont permis de concrétiser ce qui n’était au début qu’un doux rêve. Ce fut tout d’abord les décideurs politiques. Nous pensons à l’ancien maire de Tours, Jean Germain, qui a su porter ce projet avec conviction et qui a été épaulé par une équipe de professionnels dont faisait notamment partie Alain Devineau (ancien adjoint à l’urbanisme et au patrimoine) et Jean-Luc Paroissien (directeur du projet Cité Tram). Sur le terrain, ce sont des centaines d’ouvriers qui ont oeuvré sur l’un des plus importants chantiers de l’histoire de la ville. Chacun peut aujourd’hui être fier du résultat de son travail.
Et demain ?
Le temps est désormais venu de regarder vers l’avenir. Le bilan majoritairement positif de la première ligne, qui ne doit cependant pas faire oublier des accidents encore trop récurrents et quelques rendez-vous manqués en matière d’aménagement, illustre la place prépondérante qu’occupe le tramway dans les habitudes de déplacement. Attendu depuis déjà plusieurs années, le tracé définitif de la deuxième ligne devrait être connu au cours des prochaines semaines. Ce sera l’occasion pour la Métropole de revenir sur le processus de concertation qui s’est déroulé du 18 avril au 8 juin dernier. Il faudra cependant encore faire preuve de patience pour célébrer son inauguration puisqu’elle devrait avoir lieu en 2025.
J’étais éblouie par ce tram à mon passage au mois de juillet à Tours.