Concertation publique : le premier bilan du garant

 

Un mois après la clôture de la concertation publique du projet de la seconde ligne de tram, le garant vient de remettre son rapport. Il dresse ainsi un premier bilan critique de cette étape démocratique clé.

Du 18 avril au 8 juin 2018, les citoyens de la Métropole ont été invités à s’exprimer au sujet de la future ligne B de tramway et l’extension de l’axe nord-sud existant jusqu’à l’aéroport de Tours. Que ce soit dans les registres disponibles en mairie et sur internet ou bien encore lors des 5 réunions publiques, chacun a pu faire part de ses remarques ou suggestions aux instances décisionnelles. La loi prévoit que ce processus soit encadré par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) pour un projet d’une telle ampleur. Cette instance désigne systématiquement un garant qui a pour objectif de veiller au bon déroulement de ce moment clé de la vie démocratique. Le 6 décembre 2017, elle a nommé Monsieur Laurent Joseph pour suivre le dossier tourangeau.

Ce chef d’entreprise a été mobilisé sur le terrain dès le mois de janvier pour participer à plusieurs réunions successives avec le maitre d’ouvrage et des parties prenantes clés. Au total, il aura mené 8 entretiens avec des associations (AQUAVIT, ADTT…), le directeur général adjoint du CHRU (Richard Dalmasso), le représentant du collectif en faveur d’une desserte de Saint-Pierre-des-Corps par le tram (Arnaud Delepine) ainsi qu’un élu (Yves Massot) et l’ancien adjoint en charge des transports de Jean Germain (Alain Devineau).

La CNDP accompagne chaque étape du projet
Plus de 1000 personnes mobilisées

Monsieur Joseph a également été présent à la plupart des réunions publiques organisées au cours du mois de mai. Son bilan nous apprend que celle organisée à Saint-Pierre-des-Corps a fait l’objet d’une demande particulière de sa part puisqu’elle n’était pas initialement prévue. Il en est de même pour les 2 ateliers thématiques ouverts à tous et celui avec le CODEV (Comité de Développement de Tours Métropole). Au total, ces différents temps forts ont réuni plus de 1000 personnes. Un chiffre qui dépasse les attentes et qui démontre un réel intérêt de la population pour le projet.

Réunion publique à Tours le 23 mai 2018

Certaines de ses préconisations n’ont cependant pas été retenues. Il était notamment question de réaliser 2 kiosques sur le terrain afin de mieux s’approprier les différentes variantes envisagées, leurs forces et leurs faiblesses. Nous pouvons néanmoins saluer les importants efforts de communication qui ont été déployés pour offrir de la visibilité à la concertation publique. Aucun support ne semble avoir été oublié : relations presse (plus d’une cinquantaine d’articles durant la période), médias sociaux, distributions de 45 000 flyers, achat d’espaces publicitaires, partenariats avec Fil Bleu, l’Université et le CHRU…

Comme le souligne justement le garant, ces réussites ne doivent cependant pas faire oublier d’autres points plus problématiques. Vous avez été nombreux à nous le faire remarquer, les dossiers mis à disposition du public ont semblé avoir été préparés dans la précipitation. Ils comportaient de multiples coquilles qui ont parfois nui à la bonne compréhension des enjeux. Nous pouvons regretter l’absence de commentaires quant à la neutralité de la présentation du tracé passant par le boulevard Béranger et sa variante du boulevard Jean Royer, et ce tant sur le plan visuel que rédactionnel.

Carte du périmètre d’intervention du projet
Béranger et Jean Royer au coude-à-coude

Bien qu’il soit encore trop tôt pour connaitre avec précision le contenu des 581 avis déposés dans les registres et des 24 courriers adressés à la Métropole, le garant a d’ores et déjà analysé un à un les 603 écrits envoyés depuis le site web mobilite.tours-metropole.fr. Durant toute la période de concertation, les différentes variantes proposées ont fait l’objet de vifs débats. La question de la desserte du centre-ville de Tours, par le boulevard Béranger ou Jean Royer, a été abordée à 348 reprises dans les contributions. Une fois de plus, nous ne pouvons que constater une égalité quasi parfaite entre les 2 tracés. 178 internautes (30%) souhaitent voir le tramway desservir le place Jean Jaurès et les boulevards, dont 9 sous réserve de limiter l’impact sur le mail arboré, tandis que 170 (28%) préfèrent l’option du boulevard Jean Royer. Monsieur Joseph met en perspective ces chiffres avec les 2 pétitions initiées par des commerçants. D’un côté, Richard Moreau a su mobiliser 1963 signataires pour l’ancien boulevard Thiers, alors que les défenseurs du boulevard Béranger n’en ont réuni que 155. Quoi qu’il en soit, l’arbitrage s’annonce particulièrement difficile pour la Métropole.

A contrario, le prolongement de la ligne A jusqu’à l’aéroport de Tours semble faire l’objet d’une plus grande indifférence. Cela peut s’expliquer par le peu d’informations disponibles à ce sujet. En effet, aucune projection de fréquentation n’a été proposée et son insertion dans un programme urbain de plus grande ampleur reste encore à définir. Seulement 21 citoyens se sont exprimés sur les 2 tracés proposés : un à travers champs dans le prolongement de la station Vaucanson et un second via la rue de l’Aéroport. Le premier semble recueillir la majorité des suffrages avec 10 avis positifs. Notons tout de même que 13 répondants se déclarent être défavorables à cette extension, il est vrai coûteuse, et 8 vont jusqu’à la mettre en concurrence avec une desserte de la gare TGV de Saint-Pierre-des-Corps.

Forte fronde à l’est

Durant ces 3 mois, les Corpopétrussiens ont réussi à faire entendre leur voix. 100 personnes, dont 42 habitants de Saint-Pierre-des-Corps, ont manifesté leur incompréhension quant à l’absence de l’est de la Métropole dans le projet. Une fois de plus, plusieurs pétitions ont voulu peser dans le débat. Deux d’entre elles ont été lancées par la municipalité elle-même pour un total de 304 signatures. Le collectif citoyen « pour un tram à l’est de l’agglomération » a su fédérer davantage en recueillant 3561 soutiens. Malgré la possible présence de doublons, il est évident que la commune communiste est plus motivée que jamais à voir son territoire traversé par le tramway.

La desserte de Trousseau privilégiée

La desserte de l’hôpital Trousseau de Chambray-lès-Tours laisse quant à elle peu de place au doute. Le CHRU a su fortement mobiliser ses employés en allant jusqu’à mettre en place une pétition qui a rassemblé 1532 signataires pour un passage de la ligne B dans l’enceinte hospitalière en lieu et place d’un trajet en ligne droite sur l’avenue de la République. Une situation qui se répète dans les contributions, puisque 74 plaident pour cette option alors que seulement 17 y sont opposés.

Bien qu’encore préliminaire, ce premier bilan démontre à quel point la future ligne de tramway est encore sujette à de nombreuses interrogations. Le tracé de base, par l’avenue de la République et le boulevard Béranger, est l’objet d’importantes contestations. La Métropole ne pourra pas y rester indifférente et elle devra en tenir compte lorsqu’elle présentera à la rentrée la version définitive du projet.

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