2e ligne de tramway, étoile ferroviaire, schéma cyclable, vélos en libre-service… De nombreux dossiers vont être à suivre en 2024 en matière de mobilité en Touraine. Que va-t-il se passer ? Nous faisons le point pour vous.
Après une année 2023 relativement calme sur le front des mobilités, 2024 s’annonce nettement plus chargée. Alors que certains projets se concrétiseront, d’autres connaîtront des avancées majeures. Voici ce qui sera à suivre dans les prochains mois.
Ligne B du tram : place à l’enquête publique
Maintes fois reporté en raison des difficultés liées à son passage dans le centre-ville de Tours, le calendrier de la 2e ligne de tramway semble à présent être stabilisé. L’avant-projet est bien avancé. Il doit déterminer les modalités d’insertion le long de 12,5 kilomètres de tracé entre La Riche et Chambray-lès-Tours. Ce document fait en ce moment l’objet de discussions avec les communes concernées.
Sur le terrain, des diagnostics racinaires ont été menés le mois dernier avenue de Grammont afin d’évaluer l’impact du chantier sur les arbres les plus exposés. Dès le 8 janvier, les habitants de Tours et Chambray-lès-Tours seront invités à s’exprimer sur la mise en compatibilité avec les documents d’urbanisme de ces 2 communes.
Une fois ces ultimes données consolidées, l’enquête publique pourra commencer. Le syndicat des mobilités de Touraine (SMT) annonce qu’elle se tiendra au cours du 2e trimestre 2024. Elle devrait aboutir à la déclaration d’utilité publique d’ici la mi-2025. S’en suivront ensuite 3 années de chantier pour une mise en service prévue à la fin du 1er trimestre 2028, soit avec 5 ans de retard par rapport au planning initial.
Le schéma directeur cyclable débarque en ville
Cela ne signifie pas pour autant que les bruits des marteaux piqueurs et autres pelleteuses ne raisonneront pas en 2024. Autre projet majeur de la décennie, le schéma directeur cyclable permettra de requalifier des axes urbains structurants de la métropole tourangelle. Jusqu’à présent, seules des portions rurales ou périurbaines avaient fait l’objet d’aménagements. En 2024, les centres-villes seront concernés à leur tour.
15 kilomètres de voies cyclables devraient être achevés d’ici la fin de l’année pour un montant total de 10 millions d’euros. Les habitants ont été invités à faire part de leurs observations dans le cadre d’une concertation publique qui s’est tenue du 27 novembre au 22 décembre dernier.
Les premiers travaux sont attendus pour le mois de juin. A Tours, les rues Marceau, Auguste Chevallier, Edouard Vaillant ainsi que les avenues de Grammont et de la Tranchée seront les premières concernées. Les communes de La Riche, Parçay-Meslay et Saint-Avertin bénéficieront également dès 2024 de ce rééquilibrage de l’espace public au profit des modes actifs.
A Tours, un apaisement à la carte ?
Le sujet fut en filigrane dans la presse locale et au sein des « Assemblées de Tours » durant toute l’année écoulée. En juin, le conseiller municipal à la circulation appelait à sortir de l’époque du « tout voiture » en évoquant le travail de réflexion mené par la municipalité de Tours en lien avec les habitants et un cabinet de conseil autour d’une refonte du plan de circulation.
L’exemple convaincant de Gand était alors cité en exemple. Quelques mois après la mise en oeuvre d’un ambitieux plan dans la ville belge en 2017, la part modale du vélo atteignait 35% (+13% par rapport à 2012) et celle des transports en commun 14% (+5%). Le secret de cette réussite ? Le déploiement simultané de nouvelles règles de circulation dans l’ensemble du centre-ville. Le tout articulé autour de 7 zones étanches pour les automobilistes, mais perméables pour les transports en commun, les piétons, les cyclistes et les véhicules d’urgence.
A Tours, l’ambition semble depuis avoir été nettement revue à la baisse et il ne serait désormais plus question que d’interventions localisées à quelques quartiers. Elles seraient pour la plupart liées aux travaux réalisés dans le cadre du schéma directeur cyclable. Si ce scénario venait à se confirmer, il est probable que ses bénéfices soient minimes compte tenu de son périmètre réduit. Quoiqu’il en soit, nous devrions bientôt y voir plus clair. Nous scruterons avec attention les annonces qui sont attendues pour mars prochain au sujet de celui que l’on nomme désormais « plan d’apaisement ».
Service express métropolitain : l’heure du verdict
En l’absence de moyens suffisants, l’étoile ferroviaire fut pendant près de 4 décennies un véritable serpent de mer de la politique tourangelle. En novembre 2022, l’annonce du Président de la République de vouloir doter 13 métropoles françaises d’un service ferroviaire express se présenta comme une opportunité unique pour la Touraine.
L’ensemble des élus du département surent saisir la balle au bond et prirent part à une démonstration de force sans précédent en signant le 27 janvier 2023 une déclaration d’intention. L’objectif affiché était aussi clair qu’ambitieux : faire en sorte que Tours fasse partie des 10 métropoles retenues. Un pari loin d’être gagné.
En octobre, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a réalisé un déplacement en gare de Tours à ce sujet et s’est dit « impressionné par la qualité et la cohérence du projet ». « Vous avez a minima gagné un avocat pour défendre votre projet », avait-il déclaré. Il faut dire qu’avec ses 8 branches, ses 44 gares et ses 9,7 millions de voyages annuels, les arguments ne manquent pas.
Autant d’éléments qui ont été rappelés lorsque le personnel politique de tout le département s’est une nouvelle fois réuni le 11 décembre dernier pour officialiser la candidature de notre territoire au label national de service express régional métropolitain (SERM). La semaine suivante, le Sénat examinait une proposition de loi relative à ce dossier. Au jeu de la navette parlementaire, le texte a gagné en cohérence avec l’intégration de 2 volets supplémentaires. L’un consacré aux lignes express d’autocars, l’autre aux itinéraires cyclables. Deux conditions sine qua non à la réussite de tout projet ferroviaire.
La loi a finalement été promulguée le 27 décembre. Elle pose le cadre nécessaire au développement d’ici 10 ans d’un réseau de RER métropolitains dans 10 grandes agglomérations, hors Île-de-France. Pour y parvenir, elle transforme la Société du Grand Paris (SGP) en Société des grands projets. L’entité aura pour mission d’accompagner les territoires retenus dans l’élaboration d’une offre multimodale. Outre l’autocar et le vélo, elle pourra inclure un large panel de services tels que le covoiturage, l’autopartage ou le tramway. Dans le périmètre de chaque SERM, un billet unique permettra facilement de passer d’un mode de transport à l’autre.
Afin d’éclaircir les modalités de financement de ces projets, une conférence nationale dédiée sera organisée avant le 30 juin 2024. D’ici là, la liste des métropoles retenues aura été dévoilée. Il ne reste plus qu’à espérer que Tours y figure. Les ambitions sont fortes : un train toutes les demi-heures lors des périodes d’embauches/de débauches et toutes les heures le reste de la journée afin de réduire de 20% l’autosolisme et de multiplier par 2 la part modale du transport en commun d’ici 2035. Il s’agit de proposer une solution de mobilité durable et performante à des habitants qui en sont encore éloignés.
Outre le SERM, la signature du contrat de plan Etat-Région (CPER) 2023-2027 pour le volet « mobilités » le 20 novembre dernier a permis de débloquer 373 millions d’euros alloués au ferroviaire en région Centre-Val de Loire. Dès cette année, des études devraient être lancées pour la création de nouvelles haltes à Fondettes, La Riche et La Ville-aux-Dames ainsi que pour la poursuite de la modernisation des petites lignes telles que Tours-Loches.
Le retour des vélos en libre-service
On les croyait appartenir au passé, mais voilà que les vélos dits en « free-floating » – ou « sans station » – s’apprêtent à faire leur grand retour dans la métropole tourangelle. De 2018 à 2021, l’entreprise Indigo Weel avait déjà déployé ses vélos en libre-service avant de devoir interrompre son activité en raison d’un manque de rentabilité et des dégradations trop nombreuses. Il n’était alors pas rare de voir des véhicules abandonnés çà et là sur les trottoirs ou dans les cours d’eau.
Cette fois-ci, nous promet-on, les choses seront différentes. Le SMT a retenu la compagnie Pony comme nouvel opérateur pour déployer 1600 vélos, dont 1100 à assistance électrique. Leurs batteries seront produites par une entreprise de Parçay-Meslay. Le principe reste le même qu’avec Indigo Weel et une application mobile sera nécessaire pour y avoir accès. Il faudra être prêt à débourser 2,90€ pour un trajet de 10 minutes en vélo électrique. Un coût à première vue peu compétitif par rapport à l’offre de transport en commun.
Nouveauté majeure, des emplacements spécifiques seront délimités dans nos rues afin d’éviter que ces vélos jonchent l’espace public. Les utilisateurs ne pourront les restituer que dans ces zones. Cela sera-t-il suffisant pour limiter les incivilités ? La réponse dès ce printemps.
Sur la 2 Tempo, le gaz remplacera le diesel
La réduction de la part du diesel dans le parc d’autobus Fil Bleu va s’accélérer en 2024 avec la livraison de 15 véhicules articulés circulant au gaz naturel pour véhicules (GNV). Cette énergie sera produite à partir de la méthanisation des biodéchets produits par les habitants. Fabriqués par l’entreprise Scania, ces autobus viendront rejoindre les 30 modèles standards mis en service en 2022 et 2023.
D’une valeur unitaire de 300 000€ (230 000€ pour un standard), ils sont actuellement en essai à proximité de l’usine polonaise où ils sont fabriqués. Les Tourangeaux empruntant la ligne 2 Tempo devraient pouvoir monter à bord dès le mois de mars. Ils noteront à cette occasion 2 nouveautés majeures : la présence de port USB et de 2 plateformes destinées à accueillir chacune un fauteuil roulant.
Une année plus inclusive, plus verte, plus apaisée et riche en projets, c’est tout ce que nous vous souhaitons pour 2024 !
Je cite: « A Tours, l’ambition semble depuis avoir été nettement revue à la baisse et il ne serait désormais plus question que d’interventions localisées à quelques quartiers. » Pourquoi ne suis je pas surpris de ce manque d’ambition !!