La Ville de Tours a dévoilé ce midi son projet de réaménagement de la place du Grand Marché, affectueusement baptisée par les Tourangeaux « place du Monstre ». Elle fera peau neuve d’ici la fin du printemps et sera à cette occasion intégralement piétonnisée. Les plans présentés laissent cependant craindre de nombreux conflits d’usages entre les piétons et les cyclistes.
Depuis le XVe siècle, la place du Grand-Marché est l’un des principaux coeurs battants de Tours. Tous les 26 juillet s’y déroule la traditionnelle foire à l’ail et au basilic. En 2004, elle connait un sérieux coup de jeune avec l’installation de l’oeuvre de Xavier Veilhan en son centre. Bien que ce monstre fut souhaité par certains commerçants et riverains, il fut l’objet de vives critiques à l’époque. Des débats qui prirent rapidement fin. Les Tourangeaux en deviendront rapidement familiers au point de l’appeler désormais la « place du Monstre ».
Un aménagement vieillissant et peu adapté
Mais voilà, le temps a passé. Son aménagement est aujourd’hui daté et la cohabitation entre les différents usagers se fait de plus en plus difficile. Les cheminements piétons se sont complexifiés avec un important trafic automobile, des trottoirs étroits et des terrasses qui grignotent le peu d’espace restant. Les cyclistes ne peuvent toujours pas la traverser dans les 2 sens, malgré une piétonnisation transitoire initiée en 2020. La démarche de « co-construction » entamée l’été dernier par la municipalité avec 60 riverains a aussi mis en lumière un sentiment d’insécurité grandissant avec des secteurs réputés pour faire l’objet de trafics de drogue et d’autres, transformés en urinoirs à ciel ouvert.
Partant de ce constat, les usagers ont fait part de leur désir de végétaliser davantage cette place emblématique en la transformant en un lieu de rencontre et de flânerie, vecteur d’une vie de quartier renouvelée. La diminution des conflits d’usages et la facilité de circuler à pied et à vélo était également souhaitée.
La zone de rencontre, une bonne idée ?
Si les plans présentés ce jour par la Ville de Tours semble remplir le cahier des charges initial, seul ce dernier point concentre toutes les craintes. Certes, nous ne pouvons que saluer la fin du trafic automobile dans cette zone qui constituait la dernière brèche routière – avec la rue Bretonneau et de Châteauneuf – dans le secteur piétonnier du Vieux-Tours. La création d’un double sens cyclable sur l’axe de la rue Bretonneau va en toute logique augmenter significativement la présence de cyclistes dans le quartier. Or, nous constatons qu’aucun espace ne leur sera dévolu à hauteur de la place du Grand Marché. Seule une importante aire piétonne, pavée (!), verra le jour, et ce, sans la moindre séparation avec les piétons. Cela ne devrait pas s’avérer problématique en journée, mais la situation sera tout autre dès que les rues s’animeront en soirée.
L’erreur de l’avenue de Grammont se répète
Cette décision est de plus surprenante, alors que nous savons depuis des décennies que les zones de rencontre créées plus de conflits d’usages qu’elles en suppriment. Une belle occasion manquée, qui plus est pour un aménagement neuf. L’erreur de la rénovation de la partie nord de l’avenue de Grammont se répète, malgré les nombreuses alertes émises en amont par le Collectif Cycliste 37. Pour rappel, les stationnements avaient laissé place à un beau plateau où les cyclistes doivent se frayer un chemin au milieu des piétons avec une matérialisation des espaces réduite à un caniveau et à des pavés glissants… Il est regrettable de constater qu’aucune leçon n’ait été tirée de cette expérience malheureuse.
Il faudra attendre la fin du printemps pour découvrir le nouveau visage de la place du Grand Marché. Espérons que d’ici là des ajustements seront réalisés, même à la marge, pour limiter les situations potentiellement accidentogènes. L’installation des terrasses sera à surveiller de près. Une attention toute particulière devra également être portée à la reconfiguration des parties nord et sud de la rue Bretonneau qui interviendront au second semestre 2022.
A l’occasion de ce premier article de 2022, toute l’équipe de letramdetours.net vous souhaite une excellente année !
Une fois de plus on met la charrue avant les bœufs. Qu’est il prévu comme stationnement pour les voitures ? Le parking sous Les Halles est déjà saturé le,mercredi matin et le samedi matin. Ça ne va pas s’arranger.
Le seul problème de cette aménagement : l’accès en voiture pour les habitations (déménagement/aménagement étudiants etc), concernant les cyclistes, c’est un non-problème, excepté les Uber eat, très très peu de cyclistes empruntent cette voie (je suis bien placé pour le savoir, j’y habite). Et honnêtement, les pavés sont un must niveau esthétique; que le goudron est laid! Après 10 ans de cyclisme (vélo de route avec treees peu d’adhérence hors goudron), je peut affirmer qu’insinuer que les pavés sont très dangereux est un non sens, tant qu’on ne pratique pas le cyclisme de maniere sportive ou inconsidéré. Les cyclistes ne sont pas des enfants, à eux de responsabiliser leur conduite.
S’agissant du risque de collision la nuit, je peux vous assurer que la concentration de population, excepté au mois de septembre, est très réduite, encore une fois les cyclistes sont maîtres de leurs vélos, si ils ne sentent pas capable de conduire ce genre d’engin à basse allure en slalomant, les transports en commun sauront satisfaire leurs besoins !!