Peu rassurée par le rapport d’expertise dévoilé ce lundi, l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Arboré et Architectural Tourangeau (ASPAAT) continue de s’opposer en bloc au passage de la future ligne B de tramway le long du boulevard Béranger. Rencontre avec ses adhérents qui comptent défendre devant la justice la préservation du mail arboré.
Le rendez-vous est fixé dans le magasin Mille et une Cuisines de la rue Giraudeau. C’est dans ces locaux que la protestation contre le passage du tram par le boulevard Béranger s’est peu à peu organisée au fil des ans. Nous sommes au printemps 2018. Richard Moreau, le gérant de l’enseigne, apprend que l’option du boulevard Jean Royer est en passe d’être abandonnée au profit d’un nouvel itinéraire desservant l’hyper-centre de Tours. Dès lors, il lance une pétition en ligne qui recueillera rapidement plus de 1000 signatures. Cette même année, la concertation publique est lancée. Elle confirmera ce tracé qui demeure depuis inchangé.
De la pétition à l’association
La décision n’est pas du goût de tous les Tourangeaux. Si la pétition flirte désormais avec les 4300 signataires, le cuisiniste n’en est pas resté là. Celui qui est entre-temps devenu coprésident de l’association des commerçants Giraudeau-Tonnellé s’est progressivement entouré de soutiens venus d’horizons divers, mais dont l’objectif converge : préserver le mail arboré du boulevard Béranger et les fontaines de la place Jean Jaurès.
Depuis avril 2021, ils se sont fédérés au sein de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Arboré et Architectural Tourangeau (ASPAAT) dont la présidence a été confiée à Xavier Pouyat. Richard Moreau occupe quant à lui la place de vice-président et de trésorier. Il ne souhaite pas communiquer le nombre d’adhérents, mais nous assure qu’il dispose de moyens financiers importants. De généreux donateurs, souvent riverains de la future ligne, sont évoqués.
Une première plainte qui en appelle d’autres
Ces ressources s’avèreront bientôt indispensables si ses membres veulent joindre la parole aux actes. Ils nous l’affirment. Ils se préparent à aller porter devant la justice la préservation des platanes du boulevard Béranger. Dans ce combat qui s’annonce âpre, ils compteront sur Maître Annoot pour défendre leur cause. L’avocate en droit public n’en est pas à son coup d’essai. Elle est notamment connue pour avoir obtenu en 2019 l’annulation de l’abattage de spécimens identiques à Gien.
Le mois dernier, une première plainte a été déposée suite à l’expertise réalisée par un docteur en écologie sur le système racinaire des platanes. « La mise à nu de la base de ces arbres est traumatisante, d’autres solutions existent comme l’utilisation d’un dispositif de résonance électromagnétique » expose Richard Moreau. Des risques de contaminations au chancre coloré, véritable talon d’Achille de l’espèce, sont également avancés. Depuis des années, ce champignon fait des ravages le long du canal du Midi. « Il coupe toute remontée de sève et finit par décimer des rangées entières », poursuit le cuisiniste.
Portée par 3 associations locales (ASPAAT, AQUAVIT et GNSA de Tours), ce recours a été accompagné par un courrier adressé à la Préfète d’Indre-et-Loire et le Procureur de la République de Tours en date du 22 octobre. Elles pressent les autorités de « respecter la loi (article L350-3 du Code de l’environnement) et de faire cesser ce projet de passage de la deuxième ligne de tramway par le boulevard Béranger ».
Une concertation « guignolesque »
Au fil des mois, le Conseil d’Administration (CA) de l’ASPAAT s’est constitué de profils différents, mais partageant tous ce même objectif. Lors de notre rencontre, Martine Bonnin, de l’association Sites et Monuments, a insisté sur le « réservoir de biodiversité » que constitueraient ces 2 kilomètres de boulevard plantés en 1603 et 1604 sur les fortifications de Jacques Androuet du Cerceau. Elle rappelle que le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) de la Ville de Tours protège ces alignements. Selon elle, cet aspect est totalement négligé dans le processus de concertation actuel.
Si la co-construction semble être de mise, elle est loin de faire l’unanimité. Claude Delaveau, un autre membre du CA, était présent lors du « happening » censé imaginer le futur visage de la place Jean Jaurès. Encore interloqué par le spectacle auquel il a assisté le 27 septembre, il évoque un « côté guignolesque totalement décalé ». Cet habitant du quartier est particulièrement attaché à la symétrie de la place, « inspirée des jardins à la française ».
« Nous ne sommes pas des opposants au projet »
Malgré quelques égarements au sujet d’alternatives qui ne sont pas forcement comparables (bus à haut niveau de service, véhicules à hydrogène…), aucun d’entre eux ne souhaite être présenté comme un opposant au projet de la 2e ligne de tramway. Si la révision du tracé ouest entre le centre-ville de Tours et La Riche est pour eux une nécessité, ils sont favorables à ce que la demi-ligne entre la station Verdun et l’hôpital Trousseau soit réalisée à l’horizon 2026. « Cela permettrait de se laisser le temps de la réflexion tout en préservant les finances publiques » avance Richard Moreau.
Franck Lepetit, également au CA de l’association, a déjà une idée toute trouvée pour relier Tours à La Riche. Depuis plusieurs années, il milite pour un passage du tramway par le boulevard Tonnellé, Preuilly puis la rue des Tanneurs. Ce tracé aurait pour avantage de desservir réellement l’hôpital Bretonneau ainsi que Mame et le site universitaire des Tanneurs. Il n’est cependant pas sans poser d’autres contraintes, notamment sur les arbres centenaires du boulevard Preuilly qui pourraient se retrouver à leur tour en danger.
30% des platanes menacés ?
Nous ne sommes encore qu’au début d’un feuilleton judiciaire qui s’annonce déjà long. Ce lundi, nous apprenions que Tours Métropole Val de Loire réclamait 2 mois d’études supplémentaires après les résultats préliminaires de l’expertise menée en septembre.
Peu rassurants, ils nous relatent que 30% des platanes du pourraient être en péril si le passage du tramway n’était pas ajusté. Parmi les pistes étudiées : un déplacement plus au nord de la future plateforme, sa séparation de part et d’autre du mail et un équipement moindre des stations. L’enquête publique, initialement prévue pour septembre, est d’ores et déjà reportée en novembre 2022.
Pour découvrir l’ensemble du projet, rendez-vous sur notre page « Ligne B ».
Même si nous devons soutenir le combat mené par l’Aspaat, force est de constater que la protection des arbres du boulevard Béranger apparaît comme plus importante que la protection des quelques 50 foyers menacés d’expropriation….et qui restent dans l’expectative quant à leur sort.
Certains contraints et harcelés ont fini par accepter la proposition de la métropole. Ils s’en mordent les doigts et ne trouvent pas à se reloger avec les indemnités de misère qu’on leur propose. La municipalité de La Riche son maire et son premier adjoint en tête, qui pourtant s’étaient engagés à suivre chaque cas individuellement, sont aujourd’hui aux abonnés absents. Même les médias se désintéressent de leur situation….
Alors à quoi sert de faire de beaux manifestes….
Ce tracé via le boulevard beranger est un non sens
Couper des arbres centenaires qui de plus créent une environnement favorable en protégeant du soleil les battements l été et en laissant passer le soleil l hiver procurant aux bâtiments du boulevard des conditions écologiques incroyables
Je n ai pas vent des expropriations mais si la gestion est similaire à celle du tracé , je peux imaginer le manque de solidarité de la métropole
La consultation s est faite sur des arrêts positionnes qui viennent de changer : ainsi un arrêt était prévu place saint Éloi / désormais il est juste en face du 71 73 seul endroit habité par 80 personnes
On veut faire suer , on ne fait mieux
Incohérence , non sens écologique …
Dur de comprendre