Les travaux de la 2e ligne de tramway de Tours Métropole sont sur le point de commencer. Le Préfet d’Indre-et-Loire a signé ce vendredi la déclaration d’utilité publique. L’occasion de revenir sur les réponses apportées aux réserves des commissaires enquêteurs formulées à l’issue de l’enquête publique.
Cette fois-ci, c’est officiel. La 2e ligne de tramway de la métropole tourangelle vient d’être déclarée d’utilité publique par le Préfet d’Indre-et-Loire, Thomas Campeaux. Il s’agissait de la dernière étape nécessaire à l’entrée dans la phase opérationnelle du projet.
Cette décision était initialement attendue un peu plus tôt. Les travaux de dévoiement des réseaux devaient en effet commencer dès ce mois-ci. Il n’en a rien été. Seules quelques interventions préparatoires sont en cours au niveau de l’arrêt de bus « Parc Sud » à Chambray-lès-Tours.
Il faudra attendre la mi-juillet pour assister réellement au début du chantier le long du corridor de la future ligne de tram. Etonnamment, ni la temporalité exacte ni les secteurs concernés n’ont encore été rendus publics. Espérons que cela ne soit à présent qu’une question d’heures.
Retard dans le dépôt du dossier et tractations politiques
Ce léger décalage calendaire s’explique par un retard dans le dépôt du dossier en Préfecture. A cela se sont ajoutées d’intenses tractations politiques de la part de plusieurs élus locaux auprès du ministre des Transports, Philippe Tabarot. Ces démarches visant à reporter le projet auront finalement été veines.
La déclaration d’utilité publique vient ainsi clore le processus d’enquête publique qui avait eu lieu du 23 septembre au 31 octobre 2024. Un nombre record de 1299 contributions avait été recueilli. En décembre, les commissaires enquêteurs avaient ensuite publié leur bilan. Il s’est avéré positif, tout en étant assorti de 5 réserves principales. Elles convergeaient en de nombreux points avec notre contribution.
Le SMT répond aux réserves des commissaires enquêteurs
Afin d’obtenir la déclaration d’utilité publique, le syndicat des mobilités de Touraine (SMT) y a répondu avec précision. Les éléments suivants ont été communiqués.
Concernant l’exploitation en étoile de la place de la Liberté concomitante à la mise en service d’une ligne C, le SMT indique que 18 rames supplémentaires et un 2e centre de maintenance seraient nécessaires. Le tronc commun avec la ligne A et C entre les stations Vaucanson et Liberté serait trop long. La création d’un terminus partiel en centre-ville de Tours promet d’être étudiée, mais aucune échéance n’est communiquée. Elle était pourtant demandée par les commissaires enquêteurs.
En ce qui concerne la création d’une voie unique entre le CHRU de Trousseau et le terminus de la Papoterie, la proposition n’est pas retenue, car – selon le SMT – elle viendrait compliquer l’exploitation et dégrader la fréquence. Le syndicat rappelle – qu’à terme – un nouveau centre de maintenance est prévu à proximité du futur parking relais de 400 places dans le cadre de l’agrandissement du réseau de tram. En outre, cette solution permettrait de réaliser une économie estimée de 1,3 à 1,7 million d’euros. Un chiffre qui surprend lorsqu’on le compare aux 90 millions d’euros avancés par le maire de Saint-Avertin pour la construction d’une infrastructure à 2 voies.
Au sujet du réaménagement du boulevard Jean Royer, le SMT confirme l’abattage de l’alignement de 60 arbres qu’il estime inévitable. Il sera compensé par un renforcement du couvert végétal dans d’autres rues du quartier – qui reste néanmoins à préciser – ainsi que dans les différents jardins situés à proximité. Le mur de la caserne sera végétalisé et des bandes enherbées seront créées le long de cet axe. La rue Hoche sera bien déclassée pour permettre l’unification des 2 casernes.
A propos de certaines expropriations à La Riche jugées excessives par les commissaires enquêteurs, le SMT annonce exclure partiellement 2 parcelles de la procédure.
Quant à la desserte de la gare TGV de Saint-Pierre-des-Corps par la future ligne de bus à haut niveau de service, aucun prolongement ne sera réalisé dans l’immédiat. Cela contraindrait à sortir du périmètre actuel du projet et la vétusté du pont Jean Moulin rend impossible un accroissement du trafic d’autobus. A l’horizon 2030, le SMT annonce transformer l’actuelle ligne 5 du réseau Fil Bleu en bus à haut niveau de service. Un site propre devrait voir le jour sur l’avenue Jean Bonnin (Saint-Pierre-des-Corps) ainsi que sur les boulevards Heurteloup et Béranger (Tours). Pour un coût d’environ 10 millions d’euros HT, la fréquence passerait de 10 à 5-8 minutes et le nombre de voyages quotidiens de 15 000 à 19 800.
Un exercice démocratique en demi-teinte
Voilà donc pour les réponses officielles. Elles ont visiblement été suffisantes pour convaincre le Préfet, avançant ce vendredi un « bilan coût-avantage positif pour le territoire métropolitain ».
Précisons que ces différents éléments ont été approuvés par tous les élus du SMT, à l’exception de Laurent Raymond qui a préféré s’abstenir au moment du vote. Le maire de Saint-Avertin ne fait pas mystère de sa forte opposition quant à la localisation du terminus sud de la Papoterie.
Que retenir de cet exercice démocratique que beaucoup considéraient comme déjà joué d’avance ? Au vu des résultats, il est difficile de leur donner totalement tort. La forte mobilisation observée lors de l’enquête publique a permis aux commissaires enquêteurs de fournir un avis éclairé et circonstancié.
Il est aujourd’hui regrettable de constater que la plupart des réserves formulées dans leur bilan ont finalement été écartées. Leur objectif était pourtant de bonifier le projet. Certains arguments avancés par le SMT peuvent laisser perplexe.
Les terminus sud de la 2e de ligne de tramway et du bus à haut niveau de service peinent toujours à convaincre. Aucune date n’est avancée pour la mise en oeuvre de l’exploitation en étoile. Il s’agit pourtant du principal point noir du projet. Les Larichois souhaitant rejoindre le centre-ville de Tours devront donc changer de tramway… à Charcot. Contrairement à nous, nos voisins angevins ont eu l’intelligence de mettre en service une 3e ligne concomitamment à la 2e.
Rien non plus sur les aiguillages préfigurant de futures extensions du réseau. De nombreuses villes françaises et étrangères font preuve de bon sens en l’intégrant dans leur projet. Leur installation en anticipation permet de réaliser d’importantes économies et d’éviter d’interrompre la ligne déjà en service. C’est par exemple le cas du carrefour de Verdun avec la ligne A qui va connaître de lourdes interventions. Elles auraient pourtant pu être évitées. Dans le cadre de la ligne B, il aurait été nécessaire d’en installer dès à présent place de la Liberté, avenue du Grand Sud et devant l’hôpital Trousseau.
On peut néanmoins se féliciter de voir enfin ces 2 nouvelles lignes de transport à haut niveau de service de la métropole tourangelle aller de l’avant. Elles qui ont vu leur calendrier maintes et maintes fois reporté au cours des 10 dernières années. Les travaux se dérouleront donc de juillet 2025 à début 2028 avec une mise en service attendue à la fin du 1er trimestre de cette même année.
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